Le salariat est-il has been aux yeux des jeunes générations ? La réponse est clairement non et loin s’en faut, selon une étude publiée le 16 mars dernier par l’Association pour l’emploi des cadres (APEC) sur la base d’une enquête en ligne réalisée en octobre 2022 par Kantar Profiles Network auprès de 650 jeunes cadres de moins de 35 ans du secteur privé. En voici les six principaux enseignements.
Emploi : le salariat reste attractif pour les jeunes cadres
Si une forte majorité de cadres de moins de 35 ans gardent une bonne image du salariat (sécurité, conciliation vie pro-vie perso), ils en appellent à certaines évolutions, selon une étude de l’APEC.
1- UNE IMAGE POSITIVE ET UN STATUT PROTECTEUR
Parmi les jeunes cadres, 8 sur 10 indiquent avoir une bonne image du salariat, « en particulier en raison de son caractère protecteur », mis en avant par une proportion plus élevée que parmi les cadres plus âgés (88 % chez les 35-54 ans et 85 % chez les 55 ans et plus). Spontanément, les jeunes cadres associent le salariat à des termes tels que « sécurité », « stabilité », « tranquillité » et « confort ». Plus concrètement, ils désignent comme principaux avantages la garantie d’un salaire régulier (60 %), les congés payés (42 %), la protection sociale (40 %) et les avantages sociaux afférents (32 %).
2- UN ÉQUILIBRE PRÉSERVÉ DES TEMPS DE VIE
Dans une époque marquée par l’incertitude géopolitique et économique, et une baisse du pouvoir d’achat, les jeunes cadres apprécient, outre le caractère protecteur du salariat, l’équilibre qu’il procure entre vie professionnelle et vie personnelle. Une majorité d’entre eux (54 %) estiment que c’est la forme d’emploi qui permet le mieux de concilier les temps de vie, contre 26 % qui considèrent que le travail indépendant est plus indiqué (18 % n’établissent pas de différence).
3- UN TERRAIN FAVORABLE AUX DÉSIRS D’ÉVOLUTION ET DE SOCIALISATION…
Pouvoir travailler en mode collaboratif est associé davantage au salariat qu’au travail indépendant pour 59 % des jeunes cadres, « traduisant l’importance de la socialisation au travail », souligne l’APEC. Le salariat est aussi davantage associé à la formation, à la montée en compétences et à la possibilité de se développer professionnellement. Parmi les évocations spontanées liées au salariat, les termes « évolution » et « responsabilités » sont ainsi fréquemment cités.
4- … MAIS UN MANQUE DE LIBERTÉ ET UN DÉFICIT DE RECONNAISSANCE
S’agissant des principaux inconvénients du salariat, les jeunes cadres citent la nécessité de devoir composer avec une hiérarchie (35 %), le manque de liberté (34 %) et le déficit de reconnaissance (34 %). « Une partie des jeunes cadres assimilent le lien de subordination juridique, inhérent au contrat de travail salarié, à un manque de latitude et de réalisation personnelle », analysent les auteurs de l’étude. Autre désagrément évoqué : le caractère routinier du salariat, pour 28 % des sondés. En outre, 57 % des jeunes cadres mentionnent ressentir « souvent ou parfois » de l’ennui dans leur vie professionnelle, soit 13 points de plus que leurs aînés.
5- RENONCER AU SALARIAT ? POURQUOI PAS !
Près de quatre jeunes cadres sur dix (37 %) déclarent qu’ils pourraient à l’avenir renoncer au salariat sous certaines conditions et 15 % indiquent qu’ils préféreraient travailler à leur compte (entrepreneuriat, freelancing, activité libérale, etc.). Ces proportions sont plus importantes que parmi les cadres plus âgés. Les avantages perçus du travail à son compte sont l’autonomie (62 %), la prise d’initiatives et de décisions (61 %) et la liberté dans l’organisation du travail (57 %). Pour autant, les jeunes cadres mesurent les contrepoids à cette plus grande indépendance, notamment la prise de risque, le stress et l’incertitude.
6- POUR UN SALARIAT 2.0
Interrogés sur leurs espoirs d’évolution du salariat, les jeunes cadres aspirent en premier lieu à une flexibilité accrue pour concilier vie perso et vie pro, la perspective qui leur donnerait le plus envie de rester salariés (45 %, contre 37 % pour leurs aînés). Sont ensuite cités le souhait de meilleures perspectives salariales (32 %) et la possibilité d’accéder davantage à la formation (22 %).
Mathieu Bahuet