Quel est votre parcours professionnel et syndical ?
Âgé de 55 ans, j’ai principalement effectué ma carrière d’ingénieur chez EDF dans 3 centrales nucléaire de production d'électricité (CNPE) à Dampierre (Loiret), à Tricastin (Drôme) et comme manageur à Belleville-sur-Loire (Cher). Adhérent CFE-CGC de longue date, je suis devenu militant en 2013 avec des premiers mandats d’élu : comité d’entreprise (CE), délégué du personnel et conseil d’administration de la caisse mutuelle complémentaire d’actions sociales (CMCAS) locale. Je suis depuis détaché à 100 %. J’ai ensuite été élu au comité central d’entreprise (CCE) d’EDF SA avant d’intégrer en 2017 le bureau exécutif de la Fédération CFE Énergies à la coordination CFE-CGC EDF. Lors du congrès fédéral de 2020, j’ai été élu secrétaire général adjoint aux côtés de notre secrétaire générale, Hélène Lopez. Chez EDF, je conserve mon mandat d’élu CSE sur le site de Belleville-sur-Loire.
À l’issue des élections professionnelles achevées le 13 novembre chez EDF SA, la CFE-CGC (33,08 %) est devenue la première organisation syndicale devant la CGT (30,31 %), qui était leader depuis 1946. Vous y attendiez-vous ?
C’est une grande fierté et la reconnaissance de tout le travail accompli par les militants et nos équipes syndicales coordonnées par Amélie Henri, déléguée syndicale centrale et secrétaire nationale fédérale à la coordination du Groupe EDF. Ce succès historique a eu un fort écho médiatique, d’autant que la participation au scrutin a été massive (74,5 % des 66 000 salariés). Pour nous, ce n’est qu’une demi-surprise dans le sens où l’objectif était de devenir à terme la première organisation syndicale. Cette progression de 4,48 points par rapport à 2019 est la preuve d’une adhésion croissante à nos valeurs et nos positions.
EDF : la CFE-CGC devient première organisation syndicale !
Historique : avec 33,08 % de représentativité, la CFE-CGC est devenue la première force syndicale chez l’énergéticien (environ 66 000 salariés), devant la CGT. Analyse avec Pascal Jacquelin, secrétaire général adjoint de la Fédération CFE Énergies.
La preuve d’une adhésion croissante à nos valeurs et nos positions »
Comment peut-on expliquer ces résultats ?
Le travail paie. C’est le fruit d’un énorme investissement de tous nos militants dans les instances de dialogue social et sur le terrain, au plus près des salariés. Au total, nous comptons près de 290 élus porteurs de mandats sur les collèges cadres et agents de maîtrise à EDF. La stratégie d’alliance, depuis 2010, avec l’UNSA Énergie - le seul partenariat pérenne de ce type dans la branche des Industries électriques et gazières (IEG) - prouve aussi son efficacité. Avec la direction d’EDF, la CFE-CGC a démontré sa capacité à négocier et signer de bons accords, y compris ceux concernant les représentants du personnel et les moyens qui leur sont dévolus (heures de délégation, déplacements…). Cela favorise une proximité avec les salariés sachant que le terrain est notre préoccupation permanente. Par exemple, la ligne de conduite générale est de donner la priorité à une rencontre avec les salariés plutôt qu’à une réunion avec la direction.
Quel est l’appui de la Fédération Énergies au plan opérationnel ?
La CFE-CGC EDF s’appuie sur le centre de formation interne de la Fédération pour faire monter en compétences nos militants, sur un service juridique et sur un pôle d’experts thématiques pour proposer des conseils et des services personnalisés aux salariés : préparer son entretien professionnel, évolution de carrière, travail en situation de handicap, sujets relatifs à la prévoyance, etc. Au niveau de la communication, nous privilégions des campagnes dynamiques avec des messages structurés, concis, sans longs discours, adressés à tous les salariés. En parallèle, il faut souligner le travail des équipes traitant les affaires publiques françaises et internationales, qui viennent sans cesse challenger les directions du Groupe EDF et le gouvernement.
Depuis 2017, le nombre d’adhérents progresse en moyenne de 5 à 10 % chaque année »
Qu’en est-il du développement syndical ?
Il est à l’avenant de notre progression dans les urnes. Depuis 2017, le nombre d’adhérents de l’Alliance CFE UNSA Énergies progresse en moyenne de 5 à 10 % chaque année. Récemment, la grande séquence sociale contre la réforme des retraites a aussi eu un effet positif sur les adhésions.
Quels sont les grands enjeux chez EDF ?
Les négociations annuelles obligatoires (NAO) vont s’ouvrir prochainement. Pour le reste, nous avons deux enjeux majeurs : le premier est celui de la réforme du marché de l’électricité, vital pour EDF. Dans l’état actuel, l’entreprise, même détenue à 100 % par l’État, voit sa dette se creuser d’année en année. Le deuxième enjeu est le renouvellement du parc nucléaire avec la création des EPR (réacteurs pressurisés européens) et la réorganisation globale de l’activité nucléaire au niveau de l’ingénierie. Ces sujets font partie des concertations engagées avec les organisations syndicales. L’optimisme reste de mise : les signaux sont aujourd’hui globalement plus au vert qu’ils ne l’étaient il y a quelques années.
Quelles sont les revendications portées par la CFE Énergies dans la branche des IEG ?
Dans le secteur électrique et gazier, au sein duquel demeure un assez fort attachement des salariés à leur entreprise et au service public, nous œuvrons au quotidien pour défendre les emplois et les entreprises engagées dans la transition énergétique. Nous militons également activement pour l’indépendance énergétique de la France et en faveur du développement de l’hydraulique.
Propos recueillis par Mathieu Bahuet