Du conseil bancaire au syndicalisme tout terrain
Délégué syndical à la Banque Populaire Occitane et président de la section nationale SNB/CFE-CGC du Groupe, Frédéric Guyonnet (37 ans) incarne cette nouvelle génération de jeunes militants investis dans le plein exercice de leurs mandats et résolument tournés vers le terrain. Portrait.
En matière de dialogue social dans son entreprise comme pour une simple partie amicale d’échecs, un de ses hobbies, Frédéric Guyonnet veille toujours à avancer consciencieusement ses pions. "Quel que soit l’objet de la négociation, nous tâchons constamment d’être force de propositions quantifiées, réalistes et viables pour l’entreprise", explique d’un ton posé le jeune homme issu d’une famille de syndicalistes qui, à seulement 37 ans, a rapidement gravi les échelons de l’engagement syndical au seinde la Banque Populaire Occitane.
Devenu adhérent au SNB CFE-CGC en 2010, date à laquelle cet ancien conseiller bancaire pour particuliers et professionnels est élu délégué du personnel, Frédéric Guyonnet est ensuite élu titulaire CHSCT et CE, ainsi que délégué syndical. "Je me suis progressivement piqué au jeu jusqu’à avoir aujourd’hui une activité syndicale à temps plein", confie ce talentueux et touche-à-tout trentenaire qui sera également élu en 2015 président de la section nationale SNB/CFE-CGC du Groupe Banque Populaire.
Une section qui progresse à tous les niveaux
Sous sa houlette et avec l’appui des équipes d’une section passée de 120 à 500 adhérents (moyenne d’âge inférieure à 40 ans), la CFE-CGC est devenue, lors des dernières élections professionnelles en 2016, la première organisation syndicale chez Banque Populaire Occitane (220 points de ventes dans 8 départements ; 2 200 collaborateurs) avec 42 % des voix, contre 23 % en 2013. Une performance de choix "sur des terres historiquement CFDT", rappelle Frédéric Guyonnet.
Son credo ? Le terrain, le terrain et encore le terrain : "Je ne conçois pas le syndicalisme derrière un ordinateur. Il faut trouver le juste équilibre et les bons profils entre les visites de terrain au plus près des salariés et l’indispensable travail de fond sur les dossiers : accords à négocier, nouvelles lois, normes, etc." Sans oublier, bien entendu, le développement : "Une section syndicale sans adhérent ne sert à rien…"
"La culture du dialogue et le respect des partenaires sociaux"
Visites d’agences, réunions, animation de section, rédaction de tracts… Les journées de Frédéric Guyonnet - complètement détaché mais qui a toutefois conservé une petite activité bancaire (il anime un club de chefs d’entreprise pour la Banque Populaire) - sont bien remplies : "Je travaille du lundi au samedi, aucune semaine ne ressemble à une autre". Cet engagement sans faille lui vaut l’hommage appuyé de Régis Dos Santos, président du Syndicat National de la Banque CFE-CGC : "Frédéric est un exemple particulièrement représentatif de la politique de développement syndical menée par notre organisation et qui nous a permis, à la BP Occitane, grâce à une politique de terrain, de proximité avec les salariés, et de disponibilité, de devenir en moins de quatre ans la première organisation syndicale de l'entreprise."
Un Groupe dont Frédéric Guyonnet loue d’ailleurs "la culture du dialogue et le respect des partenaires sociaux avec des salariés qui s’affichent sans crainte". L’an passé, la CFE-CGC a signé l’accord NAO (Négociation Annuelle Obligatoire) mais rejeté celui sur le temps partiel. Parmi les grandes négociations en cours, Frédéric Guyonnet cite, pêle-mêle, l’accord d’intéressement participation, un accord sur la mutuelle et un accord sur la loi Mathys relative aux « dons de congés » (avec l’accord de l’employeur) entre salariés.
Accompagner les salariés face aux mutations du secteur bancaire
Au niveau national, le SNB CFE-CGC et Frédéric Guyonnet sont également à la manœuvre face aux grandes mutations (révolution numérique, développement des logiciels d’intelligence artificielle…) touchant le secteur bancaire avec des conséquences déjà sensibles sur l’emploi et l’organisation du travail.
"Des salariés vont se retrouver sur le carreau, c’est malheureusement inéluctable avec la chute drastique de la fréquentation en agence et la future concurrence des géants de l'Internet - Amazon, Apple, Facebook…- sur certaines activités bancaires, analyse Frédéric Guyonnet. L’accent doit donc être mis sur la formation des salariés et les bilans de compétences. Ce n’est pas facile mais notre responsabilité de syndicaliste, c’est aussi de dire qu’il faut stopper les ouvertures d’agences pour éviter de gérer des plans de sauvegarde de l'emploi dans deux ou trois ans. Il en va de la pérennité de l’entreprise."
- BIO EXPRESS
1979 : naissance à Nantes.
2002 : intègre le Groupe Banque Populaire à Toulouse.
2010 : devient adhérent SNB CFE-CGC -Élu délégué du personnel.
2012 : devient représentant syndical au CE et délégué syndical.
2013 : élu titulaire DP, CE, CHSCT et délégué syndical.
2015 : élu président de la section nationale du Groupe Banque Populaire regroupant les 31 sections syndicales SNB.
- À PROPOS DU GROUPE BPCE
- Issu de la fusion en 2009 de la Caisse nationale des caisses d’épargne et de la Banque fédérale des banques populaires, le Groupe BPCE, présidé par François Pérol, revendique aujourd’hui la deuxième place des groupes bancaires français.
- 108 000 collaborateurs.
- 8 000 agences bancaires, 31,2 millions de clients dont 9 millions de sociétaires.
- 23,8 milliards d’euros de CA (2015).
- 42 % : le score de la CFE-CGC aux élections professionnelles 2016 chez Banques Populaires Occitane (220 points de ventes ; 2 200 collaborateurs).
Mathieu Bahuet