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Publié le 10 - 10 - 2024

    « Défendre les salariés agricoles de l’encadrement »

    Président du Syndicat national des cadres d’entreprises agricoles (SNCEA/CFE-CGC), Bernard Pire évoque les actions du syndicat et la préparation des élections de janvier 2025 dans les chambres d’agriculture.

    Pouvez-vous nous présenter le Syndicat national des cadres d’entreprises agricoles (SNCEA/CFE-CGC) ?

    Le SNCEA a été créé en 1945 et célèbrera donc l’an prochain son quatre-vingtième anniversaire. C’est le seul syndicat spécifique représentatif de l’encadrement (techniciens, agents de maîtrise, cadres et salariés responsables) de la production agricole et de ses services connexes : la filière équine et les centres équestres, les entreprises du paysage, les coopérative d'utilisation de matériel agricole (CUMA), l’aquaculture, l’accouvage, les parcs zoologiques, les entreprises de travaux agricoles, ruraux et forestiers (ETARF), les exploitations forestières, la production de lin, la conchyliculture, les vins et spiritueux, les inséminateurs, les contrôleurs laitiers, les cuirs et peaux, etc.

    Deuxième syndicat de la Fédération CFE-CGC Agro derrière le Syndicat national de l'encadrement du groupe Carrefour (SNEC CFE-CGC), le SNCEA compte aujourd’hui plus de 2 000 adhérents. Nous disposons de nombreuses sections dans les entreprises parmi lesquelles Louis Vuitton, Hermès, les maisons de Champagne, les châteaux viticoles de Bordeaux, les Grands domaines du littoral, Pernod Ricard, Rémy Cointreau, le Groupe Salins, Syngenta…

    Et à titre personnel ?

    Je préside le SNCEA depuis 7 ans. Auparavant, j’en étais le secrétaire général. En parallèle, je suis président d’Agrica (groupe de protection sociale complémentaire dédié au monde agricole), chef de file pour les négociations en production agricole et je siège au comité directeur de la Fédération CFE-CGC Agro présidée par Thierry Faraut. Enfin, je dirige un secteur viticole de 75 hectares dans l’Hérault. Nous sortons tout juste des vendanges !

    Le SNCEA/CFE-CGC se bat bec et ongles dans toutes les branches pour sécuriser les statuts de l’encadrement (techniciens et agents de maîtrise) »

    Quelles sont les grandes revendications portées par le SNCEA ?

    Il s’agit d’agir en toutes circonstances pour que les salariés de l’encadrement, qui concourent à la bonne marche des entreprises, soient respectés et entendus par les employeurs. Ces dernières années, le SNCEA s’est battu bec et ongles dans toutes les branches professionnelles pour sécuriser les statuts de l’encadrement (techniciens et agents de maîtrise), fortement attaqués par des organisations d’employeurs, dont la FNSEA, qui parlaient uniquement de cadres et de non-cadres parmi les salariés. En 2021, nous avons notamment été moteurs pour la signature d’une convention collective de la production agricole qui a pérennisé l’encadrement (grilles de classifications, protection sociale…), permettant l’unification de dispositions communes dans 141 conventions collectives. Ce travail de fond se poursuit pour améliorer les dispositions relatives à l’encadrement, par exemple via des accords territoriaux. J’ajoute que sur de nombreux sujets, nous travaillons très bien en intersyndicale avec la CFTC, FO et la CGT.

    Les élections dans les chambres d’agriculture se tiendront en janvier 2025. Quels sont les enjeux ?

    C’est une échéance capitale, à double titre. Pour la Confédération CFE-CGC tout d’abord, puisque les chambres d’agriculture font partie des trois composantes, avec les élections TPE (du 25 novembre au 9 décembre 2024) et les résultats obtenus lors des élections professionnelles dans les entreprises (CSE), qui détermineront la nouvelle représentativité syndicale qui sera dévoilée courant 2025. Pour le SNCEA ensuite, qui prépare assidûment ces élections depuis le dernier scrutin de 2019 où la CFE-CGC avait obtenu 13 %, au-dessus du seuil de représentativité fixé à 8 %. Pour les élections de janvier 2025, nous avons fixé l’objectif d’atteindre 17 %. Un bon résultat nous permettrait de compter de nombreux élus dans les chambres d’agriculture, de peser à la table des négociations et dans tous les organismes paritaires agricoles, au service des salariés de l’encadrement.

    Sensibiliser les salariés à l’importance des élections des chambres d’agriculture de janvier 2025 »

    Quel dispositif a été mis en place pour mener campagne ?

    Pour les chambres d’agriculture, on vote sur un sigle, celui de la CFE-CGC. C’est donc un travail collectif : le SNCEA travaille étroitement avec la Confédération et les unions régionales et départementales CFE-CGC. Un comité de pilotage a été mis en place pour coordonner les actions. Le premier défi est de constituer les listes électorales à déposer d’ici au 16 décembre 2024 dans chacun des 94 départements. C’est un véritable travail de fourmi pour aller chercher des candidats et des candidates : à date, en mobilisant l’ensemble du réseau CFE-CGC, une soixantaine de listes sont finalisées.

    Nos équipes militantes mènent par ailleurs un tour de France au contact des salariés agricoles pour les informer et les sensibiliser à l’importance de ces élections. J’ai moi-même accompli plusieurs déplacements pour animer des réunions locales avec à chaque fois plusieurs dizaines de salariés. Au niveau de la communication, nous déployons tous les outils : affiches, réseaux sociaux, etc.

    Qu’attendez-vous d’Annie Genevard, la nouvelle ministre de l’Agriculture ?

    Nous avons des échanges avec les services du ministère, s’agissant notamment de la négociation collective et des élections de janvier 2025. Après le grand flou consécutif à la dissolution de l’Assemblée nationale, nous espérons désormais une feuille de route claire pour l’agriculture, en associant les partenaires sociaux. Les défis sont nombreux dans les entreprises du secteur, d’autant plus avec la restructuration en cours des branches professionnelles.

    Propos recueillis par Mathieu Bahuet