Mi-novembre, la CFE-CGC est devenue le premier syndicat chez Axa France (près de 13 000 salariés) avec 32 % des voix. Comment expliquer ce résultat historique ?
Il traduit une montée en gamme entamée depuis plus de quinze ans. Nous avons mis l’accent sur la formation et le développement personnel des militants en désignant quelqu’un qui ne s’occupe que de cela. Nous recrutons et formons des militants qui sont bien dans leur métier, pas forcément demandeurs de mandats, et qui ne s’engagent pas uniquement par dogme ou par pur mécontentement. Ce sont des gens qui ont envie d’y aller et qui nous procurent des éclairages sur des vrais sujets. Petit à petit, nous avons ainsi regagné du crédit vis-à-vis des salariés et de la direction.
Quels sont les sujets de fond sur lesquels vous travaillez ?
Dans l’assurance, ce sont surtout des sujets métiers. Nous défendons l’humain afin que tout ne passe pas par les machines et les process. Nous accompagnons aussi les transformations. C’est parfois compliqué lorsqu’il s’agit de nouvelles organisations du travail, comme par exemple les bureaux non attribués. Mais si nous ne disons pas "niet" à tout, c’est toujours avec une exigence : que la représentation syndicale soit respectée. Et que le cadre qui veut militer chez nous ne soit pas barré par sa carrière syndicale. On touche ici à l’enjeu fondamental de la reconnaissance du parcours syndical, une des seules choses positives de la loi Macron.
Accord CSE Axa, nous avons su obtenir des contreparties
Coordinateur CFE-CGC Axa et président de la fédération CFE-CGC de l’assurance, Joël Mottier évoque l’accord de mise en place du comité social et économique (CSE) signé au sein du groupe d’assurance, où la CFE-CGC vient de devenir la première organisation syndicale.
En juin dernier, la CFE-CGC Axa a signé un accord de mise en place du CSE, la nouvelle instance unique de représentation du personnel. Comment s’est passée la négociation ?
Nous n’étions pas très optimistes car nous sortions d’une période où les organisations syndicales n’avaient pas été écoutées par le gouvernement dans le cadre de la loi Travail. Et nous n’avions aucune confiance dans le fait que la loi allait fluidifier le dialogue social ! Axa France, par exemple, ne voulait avoir qu’un seul CSE alors que le groupe compte neuf établissements. Il y avait un risque fort d’asphyxie si tous les sujets devaient être discutés dans une seule instance. Nous avons demandé 4 CSE, que nous avons finis par obtenir. Nous avons ensuite réussi à arracher - le terme n’est pas trop fort - un "bouquet" comprenant 120 représentants de proximité (contre 70 au début de la dernière séance de discussion), le maintien de 2 délégués syndicaux centraux (DSC) et un pool de 5 000 heures de délégation.
Quel est votre avis sur cet accord ?
Ce n’est pas une grande victoire. Toutes organisations confondues, les syndicats perdent plus de 60 % (de 1 200 à 500) de leurs porteurs de mandats. Il aurait fallu 120 représentants de proximité de plus. Là, ça va être compliqué de travailler. Cela dit, nous avons mis en place une parade : comme les représentants de proximité sont trop peu nombreux, j’ai créé une structure interne à la CFE-CGC de "correspondants de proximité". Ce sont des salariés bénévoles qui vont aider chaque représentant de proximité dans son action. Cela va nous permettre de mailler le territoire, de motiver des militants qui ont perdu leur mandat et qui voudront se rendre utiles. On en revient à un syndicalisme sans moyens !
Nous avons mis l’accent sur la formation et le développement personnel des militants"