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Publié le 23 - 04 - 2020

    Covid-19, paroles de militants : Jean-François Lécuyer

    Secrétaire général de la Fédération nationale de l'encadrement du commerce et des services (FNECS CFE-CGC).

    UNE CINQUANTAINE DE BRANCHES CONCERNÉES
    « La FNECS fédère deux syndicats du commerce et des services qui représentent à eux deux une cinquantaine de branches : commerce non alimentaire (vêtements, chaussures, bricolage, e-commerce…), travail temporaire, tourisme, sécurité, nettoyage, centres d’appels… Autant de métiers impactés d’une manière ou d’une autre, avec pour certains l’obligation de servir la France comme le nettoyage ou le funéraire. C’est une somme de métiers que peut-être certains ne voyaient relativement pas, dont une partie sont complètement à l’arrêt et l’autre une autre en chômage partiel (grands magasins par exemple). Tous essayent de s’adapter depuis mi-mars en inventant de nouvelles formules. »

    TÉLÉTRAVAIL ET SERVICE AUX ADHÉRENTS
    « La Fédération a tenu un bureau de crise le vendredi 13 mars. Le lendemain soir était annoncée la fermeture des magasins. Le dimanche, nous avons mis les salariés à l’abri en organisant le télétravail. La trésorerie, la compta, le juridique (six salariés au total) sont venus chercher ce dont ils avaient besoin. Ce n’était pas forcément facile au début, mais cela a fonctionné. Il y a du travail traditionnel en moins ; en revanche, tout le questionnement des adhérents nous remonte : sur le chômage partiel, les ordonnances, le passage d’un congé « garde d’enfant » à un congé de maladie, etc. Selon le sujet, notre secrétariat dirige les gens vers le juridique, la trésorerie ou leur syndicat d’appartenance. La trésorerie fonctionne à plein régime du fait que nous sommes en période de pré-bilans comptables. »

    Notre maître mot envers les élus et les mandatés est de leur dire que les gens sont dans la détresse et qu’il faut les accompagner, les conseiller, faire du pilotage presque individuel."

    L’ESPRIT DE RESPONSABILITÉ DES SALARIÉS
    « S’agissant des négociations sociales dans nos entreprises, il y des divergences qui se font jour avec le patronat mais, globalement, j’ai l’impression que tout le monde essaye de trouver des solutions. À notre niveau, quand nous sommes sollicités par des militants, les premières questions que nous leur posons sont : que veulent les salariés ? Que veulent les négociateurs ? Êtes-vous plutôt signataires ou pas ? Si vous faites un texte, quels sont les points de blocage ? Tout ne passe pas par des accords d’entreprise. Dans nombre de cas, le Code du travail fixe les droits et devoirs respectifs et donne aux partenaires sociaux la latitude de discuter. Beaucoup de salariés sont très soucieux de ce qui sera bon pour leur entreprise, pas seulement de leur intérêt personnel. Notre maître mot envers les élus et les mandatés est de leur dire que les gens sont dans la détresse et qu’il faut les accompagner, les conseiller, faire du pilotage presque individuel. »

    LE FUNÉRAIRE EN VOIT DE TOUTES LES COULEURS
    Membre titulaire du Conseil national des opérations funéraires (CNOF), la plus haute instance du secteur, Jean-François Lécuyer a vécu de près l’imbroglio opérationnel. Depuis le début de la crise, les règles se sont succédées et contredites. En cas de décès d’un malade du coronavirus, on a d’abord imposé l’isolement, la fermeture immédiate du cercueil. Puis, fin mars, il a été autorisé de transférer dans une housse un(e) décédé(e) du Covid-19 et d’accueillir des personnes de sa famille. Résultat, avec quatre cérémonies de 20 personnes dans une journée, soit 80 contacts potentiels, les agents funéraires jouaient leur santé, sans parler des risques de propagation. La FNECS, la Confédération CFE-CGC et les organisations professionnelles ayant mis leur poids dans la balance avec l’aide du député Jean-Paul Lecoq (PC) de Seine-Maritime, on est revenu, le 2 avril, à la fermeture immédiate du cercueil et à l’interdiction des toilettes mortuaires sur les défunts. « On a connu quelque chose d’inconnu : la peur, dont des gens avec 30 ans de maison et des grands professionnels, raconte Jean-François Lécuyer. La peur est retombée, ce qui a permis à la profession de redémarrer un peu normalement. »