La RATP en première ligne
BRANLE-BAS DE COMBAT LE 13 MARS
« Nous avons été reçus une première fois par la direction en intersyndicale (CFE-CGC, UNSA, CGT) le vendredi 13 mars. Nous avons évoqué le rythme des contaminations qui augmentait et donc l’impératif de limiter les déplacements tout en assurant la continuité du service public. La direction a répondu qu’elle suivait les directives du gouvernement visant à éviter la saturation des services de santé. Ce même jour ont été prises des mesures pour le week-end et la semaine suivante. »
MASQUES RÉQUISITIONNÉS PAR L’ÉTAT
« Premières décisions : fermeture de la demi-porte avant d’autobus, mesures de nettoyage, mise en place de gestes sanitaires et d’une dizaine de lignes réservées au personnel de santé. Nous avons rapidement été confrontés à un manque de masques et de gel hydroalcoolique. Le stock de masques de la RATP avait largement été réquisitionné par l’État. Nous avons subi les atermoiements de l’Etat qui n’a pas fait preuve d’une grande prévoyance en la matière. »
SITUATION ÉVOLUTIVE DANS LE MÉTRO
« Pour le métro, les décisions ont été prises au fur à mesure et en fonction des fluctuations des problématiques (cf. la période où l’on disait que les masques ne servaient « à rien »). Globalement, l’État a accepté progressivement que soient adoptées des mesures de sécurité importantes. Aujourd’hui, le trafic des métros et RER doit tourner autour de 30 % entre 6 heures et 22 heures. Ce niveau de trafic permet théoriquement le maintien des barrières sanitaires, notamment l’espacement d’un mètre entre voyageurs. Mais comme les premiers métros partent plus tard que d’habitude, il y a sur certaines lignes une concentration de passagers… »
MISE EN PERSPECTIVE CIVIQUE ET SOCIALE
« En ce qui concerne les précautions de santé, je trouve que cela ne va pas assez vite et qu’on n’en fait pas assez. Le nettoyage et la désinfection du réseau RATP sont assurés par des prestataires externes qui emploient de la main d’oeuvre pas très bien payée et pas toujours bien traitée : on constate sur le terrain des choses à redire. Ces entreprises subissent elles-mêmes les conséquences de salariés arrêtés. Nous sommes vraiment dans quelque chose de complexe qui interroge sur l’organisation de la société. Faut-il vraiment tout remettre en concurrence et optimiser ? Je donne l’exemple du projet de transformation de tous nos locaux tertiaires en flex-office sans séparations. La CFE-CGC était déjà contre, mais là on se rend compte qu’en cas de pandémie, si on abat les cloisons… »
TÉLÉCONFÉRENCE QUOTIDIENNE AVEC LA DRH
D’abord tous les deux jours depuis le 19 mars puis quotidiennement, la RATP réunit en téléconférence les représentants syndicaux avec le DRH et quatre de ses principaux adjoints : la personne en charge des relations avec les organisations syndicales ; la responsable juridique en droit social ; le responsable des relations avec la médecine du travail ; la chargée des relations avec les CSE. L’entreprise fait le point sur la situation sanitaire globale et sur les mesures, les syndicats font remonter ce qui vient du terrain. « Il y a effectivement un dialogue social, reconnaît Frédéric Ruiz, mais nous ne sommes pas dans une phase de négociation à égalité. L’entreprise nous informe, mais c’est elle qui prend les décisions et on sent en permanence tout le poids de l’État dans la stratégie de gestion de crise. »