Covid-19, paroles de militants : Anh-Quan Nguyen
Anh-Quan Nguyen, délégué syndical central CFE-CGC de PSA Automobiles SA, membre du Comité européen de Groupe.
PSA : le constructeur a sorti la grosse artillerie
RAPATRIEMENT DES SALARIÉS DE WUHAN
« Notre prise de conscience a été précoce car PSA a une joint-venture et des salariés à Wuhan (Chine). Le Groupe a mis en place une cellule de veille avant même le rapatriement aérien des Français de Wuhan, fin janvier. Cette cellule inclut deux membres du Comex (le DRH et le SG) ainsi que les directeurs Audit et SSCT et des membres du corps médical. C’est elle qui a défini les premières règles de protection (voir encadré). Nous sommes bien sûr informés de ses décisions. »
ARRÊT DES MACHINES ET MESURES BARRIÈRES DE POINTE
« Presque tous les sites industriels de PSA ont fermé entre le 16 et le 20 mars, même si ce n’est pas une mince affaire de stopper des machines qui tournent et sont programmées pour fraiser ou pour finir des tâches de fonderie… A partir du 17, les sites tertiaires ont été mis en télétravail et il n’y avait plus de notion de niveaux A, B ou C tels que définis par la cellule de veille. Nous avons instauré des mesures barrières renforcées et très précises en identifiant notamment les salariés présentant des risques envers le virus du fait de leurs antécédents de santé. Les médecins du travail ont fait un gros boulot ! »
MAINTIEN DE CERTAINES ACTIVITÉS STRATÉGIQUES
« Certains projets stratégiques ont été maintenus, tout comme les activités liées aux besoins de la nation comme la réparation, la fourniture de pièces de rechange (pour les voitures de police, les ambulances…), la livraison de véhicules aux personnes ayant un besoin crucial de mobilité. Tous les salariés concernés travaillent sur la base du volontariat en appliquant des protocoles rigoureux : lunettes de protection à visière, un masque à l’aller et un autre au retour s’ils prennent les transports en commun en plus de deux masques pendant la séance de travail. PSA a donné 335 000 masques aux hôpitaux et au personnel soignant. »
UNE TASK-FORCE DE 80 MILITANTS
« Cette crise nous place devant nos responsabilités. Dès les premiers jours du confinement, nous avons établi une liste de permanents CFE-CGC composée du Bureau Intercentre (9 membres) et de DS des 18 établissements, complétée par le réseau des membres CSSCT. Nous n’avons eu aucun mal à trouver les volontaires pour assurer cette permanence. L’idée est de garder un maillage serré avec les sites, tout en étant en liaison avec la direction de PSA et la Fédération CFE-CGC de la Métallurgie. Cette équipe d’environ 80 représentants fonctionne comme une seule et même personne avec une réactivité collective d’une heure sur tous les sujets et avec une plage horaire très large, parfois même pendant le week-end. Les salariés posent de nombreuses questions sur le télétravail, le chômage partiel, la sécurité, les scénarios de reprise, etc. »
LES PRINCIPAUX SUJETS À L’ORDRE DU JOUR
« Les sujets que nous avons été amenés à traiter en urgence sont les suivants :
- Le passage de tous les sites en activité partielle avec les CSE extraordinaires,
- L’accord sur la suspension de la modulation pendant la période d’activité partielle,
- Le protocoles « Mesures barrières renforcées » et son déploiement,
- L’accord social et solidaire créant le Fonds de Solidarité garantissant le 100 % net salaire des ouvriers et des techniciens. »
INITIATIVES LOCALES DES SECTIONS
« Plusieurs de nos sections ont pris l’initiative de faire des e-coffee qui rencontrent un grand succès. D’autres sections, par le biais du CSE, organisent des audios culturels ouverts à tous avec une conférencière. L’actualité est brûlante mais nous avons gardé la tête froide. Face au tohu-bohu des évènements, nous appliquons une démarche méthodique. Nous n’avons pas cédé aux sentiments d’urgence. Nous avons travaillé vite mais sans sacrifier l’écoute, le débat et le consensus final. »
LES TROIS NIVEAUX DE PROTECTION
La cellule de crise de PSA a édicté dès mi-février 2020 des règles de protection sanitaire pour l’ensemble du Groupe au niveau mondial. Il y en a trois selon le niveau d’alerte.
→ Niveau A (cas recensé dans le pays) : interdiction de voyages entre les sites ; procédures de nettoyage et de filtrage à l’accueil ; encouragement du télétravail ; questionnaires pour les visiteurs et les collaborateurs qui arrivent de zones à risque. Par exemple, une équipe japonaise venue de Singapour (cluster important de Covid-19) pour une réunion de travail s’est vue refuser l’entrée sur un site français et a fait l’aller-retour pour rien.
→ Niveau B (cas suspect sur le site) : en complément des procédures du niveau A : désinfection plus fréquente des zones de passage, mesures d’hygiène dans les restaurants, instauration de zones tampons pour les matériaux reçus, espacement des sièges dans les bus de transport des salariés et les réunions, obligation d’appeler la médecine du travail si l’on tousse ou si on a plus de 37,5°C de fièvre, systématisation du télétravail.
→ Niveau C (cas confirmé sur le site comme à Mulhouse ou à Vesoul) : en complément des meures du niveau B, séjour en hôpital du cas confirmé, mise au courant des agences régionales de santé (ARS) ; réunions en présentiel interdites, restaurants fermés, mise en isolation des salariés ayant été en contact avec le malade, masques chirurgicaux pour ceux qui travaillent en présentiel, mesures globales très proches des règles de confinement.