Pourriez-vous rappeler le rôle du CESE et son fonctionnement ?
C’est l’une des trois assemblées de la République. Sa mission première dans la Constitution est de répondre aux sollicitations du gouvernement et des deux autres assemblées (Assemblée nationale et Sénat). Nous sommes régulièrement saisis par la Première ministre, des ministères, ou encore récemment par le Sénat sur une éventuelle prestation minimum pour les jeunes. Nous pouvons aussi nous autosaisir sous trois formats : étude, rapport ou avis. Si un avis est voté pour transmission par le bureau du CESE, il est présenté en séance plénière en hémicycle et voté par l’assemblée. Celle-ci comprend 19 groupes (dont celui de la CFE-CGC qui compte 4 personnes : Valérie Gayte, Fabrice Nicoud, Djamel Souami et moi-même), 82 organisations différentes et 175 conseillers et conseillères.
Au CESE, la CFE-CGC mobilisée pour le pouvoir d’achat en Outre-mer
Présidente du groupe CFE-CGC au Conseil économique, social et environnemental (CESE), Véronique Biarnaix-Roche a récemment corapporté un avis social et économique sur l’Outre-mer.
Les entreprises ultramarines sont françaises et les lois de la République doivent s’y appliquer »
Vous avez récemment corapporté un avis sur le pouvoir d’achat en Outre-mer : que recommande-t-il ?
Nous avons volontairement limité cet avis à 10 préconisations, évolution des 19 pistes de réflexion de notre travail d’il y a 3 ans. Parmi elles, des mesures sociales et économiques. Sur le plan social, nous demandons un rattrapage du gouvernement sur les aides sociales et des investissements sur les centres d’actions sociaux (CAS) pour qu’ils puissent distribuer des chèques alimentaires, logement, énergie, voire mobilité. Sur 3 millions d’habitants ultramarins, 900 000 sont en situation de pauvreté. Nous demandons une augmentation de la prime d’activité par les caisses d’allocation familiale et une augmentation de la prime Macron de 3 000 à 6 000 euros.
Autre revendication sociale : l’application sans condition et immédiate des conventions collectives qui auraient dû l’être depuis 2017. Les employeurs ne veulent pas les étendre parce qu’ils estiment qu’ils ont des spécificités sur leurs territoires et que les conventions collectives nationales ne reflètent pas leur activité, ce qui est de fort mauvaise foi. Une action est conduite au niveau des préfectures et de la direction générale du travail pour qu’enfin ces textes s’appliquent. Les entreprises ultramarines sont françaises et les lois de la République doivent s’y appliquer.
Quelles sont les préconisations d’ordre économique ?
Nous avons redemandé la création de filières alimentaires agricoles sur chacun des territoires pour faire face à l’insuffisance alimentaire et pour créer des emplois. Une deuxième préconisation est d’étudier avec les zones ultrapériphériques des mesures de sobriété et de circuits courts : voir ce qui peut être produit à proximité plutôt que de le faire venir de loin. La mesure phare est la volonté d’une réforme de l’octroi de mer à iso budget, en élargissant l’assiette aux services. De multiples services (plateformes d’appels, banques, assurances, etc.) ont été délocalisés à bas coût dans des pays proches (ceux de la Réunion à Madagascar par exemple), ce qui a supprimé beaucoup d’emplois locaux. Cet octroi de mer veut préserver l’emploi local, il n’y a pas de raison que les services ne soient pas taxés.
Propos recueillis par Gilles Lockhart