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Publié le 05 - 01 - 2018

    Faire entrer l’entreprise dans le 21e siècle est indispensable au redressement de l’économie

    A l’occasion du lancement des travaux sur "entreprise et bien commun" par la ministre du Travail, en présence des ministres de la transition écologique et solidaire, de l’économie et...

    A l’occasion du lancement des travaux sur "entreprise et bien commun" par la ministre du Travail, en présence des ministres de la transition écologique et solidaire, de l’économie et des finances et de la justice, la CFE-CGC rappelle qu’il y a urgence à redéfinir la place et les missions de l’entreprise dans l’économie et la société.

    Le fonctionnement de notre économie est fortement déterminé par le comportement des grands groupes qui sont au sommet de la "chaîne économique" et influent fortement sur les entreprises sous-traitantes (ETI et PME). Ces grandes entreprises ont majoritairement adopté une stratégie de maximisation de la création de valeur à court-terme pour leurs actionnaires sans que leur gouvernance actuelle permette de prendre en compte de manière équilibrée, comme cela devrait être le cas, l’intérêt des autres parties prenantes : salariés, clients, fournisseurs et collectivités territoriales d’implantation.

    Cette financiarisation a de nombreux effets néfastes pour notre pays : déficit d’investissements de préparation de l’avenir pénalisant la croissance interne, priorité souvent injustifiée donnée aux opérations de fusion-acquisition dont beaucoup privilégient le rendement financier à la production de valeur ajoutée, pression forte sur le tissu des sociétés sous-traitantes, délocalisations excessives d’activités en zone "low cost", détérioration marquée des conditions de travail...

    La CFE-CGC évalue que 800 000 emplois, majoritairement qualifiés, seraient créés en France si une petite part (15 %) de la rémunération des actionnaires des seules très grandes entreprises était consacré à l’investissement dans des emplois compétitifs. L’enjeu est donc de taille !

    Une réflexion de fond sur la place de l’entreprise dans la société et comment la protéger de la financiarisation doit être menée rapidement. A l’heure où le goût d’entreprendre et la reconnaissance de la prise de risque sont mis en avant, il faudrait par exemple encourager l’intrapreneuriat (entreprendre en interne) : beaucoup de salariés de l’encadrement souhaiteraient innover pour l’avenir de leur entreprise et en sont empêchés au motif de la priorité donnée à la rémunération des actionnaires. C’est le développement de l’entreprise entité individuelle qui se trouve ainsi entravé mais c’est aussi notre économie, dans son ensemble, qui en souffre.

    Pour la CFE-CGC, l’entreprise est un bien commun d’utilité publique pour la société qu’il faut préserver. Les intérêts des actionnaires et des salariés sont convergents à long terme, l’objectif commun étant le développement de l’entreprise "bien commun" bénéfique tant aux salariés qu’aux actionnaires. C’est notamment pour cela que la CFE-CGC est favorable à l’actionnariat salarié et à sa capacité propre d’expression qui devra être décrite dans la loi. L’ensemble de notre tissu économique ne s’en portera que mieux et permettra d’améliorer la situation de l’emploi.

    A court terme et en avance sur le résultat de cette réflexion globale, il est important que le gouvernement et les partenaires sociaux partagent le constat qu’il devient urgent de protéger l’entreprise en tant que maillon premier de l’économie et que cette protection doit se faire à l’égard des dérives outrancières des logiques purement financières. 

    Pour ce faire, des outils peuvent être mobilisés que ce soit la définition d’une véritable mission de l’entreprise, les outils de gouvernance et leur modalité de fonctionnement et naturellement la prise en compte du capital humain au même niveau que le capital financier. Sur tous ces sujets, nous avons des propositions constructives mais il nous paraît important de préciser que l’enjeu n’est pas, pour la CFE-CGC, de transférer le rapport de force employeur/salarié de l’entreprise vers les organes de gouvernance. 

    Ce rapport de force doit, certes, exister et s’exprimer au travers du dialogue social pour construire des rapports sociaux harmonieux et des conditions de travail de qualité. En revanche, la redéfinition de la mission de l’entreprise et de la place respective des salariés dans les organes de gouvernance doit servir à rapprocher les forces, sans lesquelles l’entreprise n’existerait pas, pour la maintenir justement dans l’optique de son développement économique, de sa croissance interne (et pas seulement externe), de sa compétitivité sur ses produits et ses services et donc de sa pérennité.

    Si nous y parvenons, nous entrerons dans une nouvelle ère de convergence micro et macro-économique. Si nous échouons, alors nous savons déjà ce qui causera notre perte.

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