Déconfinement jour 1
Renault Sandouville : quand la question sanitaire devient l’instrument d’un rapport de force politique
Y a-t-il pour chacun une activité plus prioritaire que celle qui lui permet de travailler, d’en être rémunéré, et finalement de vivre normalement ? Avec fierté, dans la sécurité relative de l’emploi.
La communication gouvernementale, lors de l’entrée en confinement le 17 mars, a généré beaucoup d’anxiété. Pour y faire face, la CFE-CGC n’a eu de cesse que de rappeler la nécessité absolue de convoquer le plus haut niveau de dialogue social dans le but de restaurer la confiance des salariés envers leurs lieux de travail et les conditions de son exercice.
La mobilisation des personnels de santé, dès le premier jour, a été remarquable. Avec eux, tous les artisans de la chaîne logistique qui a permis le ravitaillement et la distribution, la sécurité et le nettoyage, les transports et la continuité des services publics. Tous ont répondu présent à leur poste, malgré les difficultés souvent, le manque de matériel et la crainte parfois.
Mais le risque sanitaire va laisser la place à un risque économique. Petit a petit, la vague de la pandémie de Covid-19 va se retirer et laisser sur place le souvenir des victimes de la maladie, les promesses d’une société future à reconstruire et surtout le présent bien réel d’une crise économique sans précédent.
La CFE-CGC, premier syndicat de l’entreprise Renault, a signé l’accord de « solidarité et d’avenir 2020 » lié au Covid-19. Un accord qui prévoit le maintien à 100 % de la rémunération pour l’ensemble des salariés et le déploiement de commissions paritaires locales, chargées de mettre en place les mesures adaptées pour traiter le risque sanitaire, par anticipation au redémarrage. Un accord qui place les acteurs sociaux locaux en responsabilité et sous l’éclairage de la médecine du travail. L’usine de Sandouville a repris le travail le 29 avril, avec un objectif de montée en charge très progressif de façon à expérimenter et valider les mesures d’organisation et de barrières décidées par la commission sanitaire.
Ce matin, le 11 mai, le site a été mis à l’arrêt par une décision de justice que la CFE-CGC, avec la grande majorité des salariés, ne comprennent pas. Cette décision déjuge la qualité des acteurs du dialogue social sur place et fait surgir un péril économique supplémentaire avec l’arrêt soudain de l’activité. Sans commenter le jugement au fond, il n’est pas inutile d’en mesurer les conséquences pour les 2500 salariés du site (dont 700 intérimaires) et la précarité soudaine à laquelle il les confronte.
Au premier jour du déconfinement, devant l’immensité des problèmes économiques et sociaux qui sont devant nous, le cas de Renault à Sandouville est emblématique de la confusion qui peut naître quand la question sanitaire devient l’instrument d’un rapport de force politique. Pour la CFE-CGC, seule l’exigence d’un dialogue social de haut niveau, respectant l’engagement des parties, permet de créer les conditions de la reprise économique.
Pierre Jan - Relations Presse et institutionnelles
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