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Publié le 13 - 01 - 2025

    Vencorex : après l’accord de fin de grève, la CFE-CGC reste mobilisée

    Si l’accord signé fin 2024 par les syndicats a mis fin à 63 jours de grève à l’usine de Pont-de-Claix, le combat perdure pour aider les salariés et trouver une solution industrielle, assure Jean-Claude Garcia, président du syndicat CFE-CGC Chimie Dauphiné Savoie.

    Comment les organisations syndicales de Vencorex en sont-elles venues à signer, juste avant les fêtes, un accord de fin de conflit sur la plateforme chimique de Pont-de-Claix (Isère) ? 

    La CFE-CGC a en effet signé le protocole d’accord de fin de conflit, également paraphé par la CFDT et, dans un second temps, le 24 décembre, par la CGT. Cet accord, négocié durant plusieurs semaines, vise à préserver les acquis déjà négociés et contractualisés dans le cadre du PSE imposé par la direction. Cela a permis aux salariés de reprendre le travail avec le déblocage de la plateforme (flux de camions, wagons…) et de la vanne du pipeline d'éthylène Transalp, après une longue grève débutée le 23 octobre dernier. Ce mouvement de grève, qui a d’abord permis de maintenir une pression médiatique et politique, de mobiliser des élus, avait ensuite perdu en efficacité, fragilisant la trésorerie de la plateforme et mettant en péril d’autres entreprises de la filière. Il ne fallait pas davantage tirer sur la corde, au risque d’une possible liquidation judiciaire pure et simple alors que Vencorex est actuellement en redressement judiciaire. 

    Qu’en est-il de la situation ? 

    Si les activités de l’usine ont repris, notre combat syndical continue pour chercher une solution industrielle pérenne. Plusieurs pistes sont à l’étude, quand bien même il n’y aura très probablement pas de repreneur unique. En parallèle, les organisations syndicales poursuivent les discussions quant aux modalités du PSE sachant que beaucoup de salariés sont déjà partis et que la direction de Vencorex souhaite désormais travailler sur deux PSE distincts, arguant du fait que la seule offre de reprise, émise par le groupe chinois Wanhua, met trop de temps à être formalisée. La CFE-CGC a fait appel à une avocate, Maître Sidonie Leblanc, pour analyser tous les documents. 

    Quelles sont les revendications de la CFE-CGC ? 

    Nous travaillons à négocier les meilleures dispositions pour les salariés concernés par le PSE, en veillant notamment à augmenter et à harmoniser les montants des enveloppes globales de départs en fonction des aides déjà mobilisées, par exemple les aides au déménagement ou à la création d’entreprise. 

    Sur le dossier Vencorex, les services de l’État sont défaillants alors qu’il en va des emplois comme de la souveraineté industrielle du pays »

    Quels sont les enjeux autour de Vencorex ?

    Tout ceci renvoie à des enjeux structurants de perte d'expertise, de compétences, de brevets et de souveraineté industrielle pour notre pays. Vencorex est un pilier. Si le château de cartes s’effondre, c’est toute une filière et des milliers d’emplois qui sont menacés au regard de l'interconnexion des activités de toutes les entreprises des plateformes chimiques de la région. Je précise d’ailleurs que s’agissant d’Arkema et de l’usine iséroise de Jarrie, les salariés sont encore en grève alors que le PSE se met en œuvre avec des premiers licenciements effectifs.

    Il faut aussi dire les choses : cela fait des mois que les services de l’État sont défaillants. Les pouvoirs publics ne sont pas à la hauteur sur le dossier Vencorex, alors qu’il en va des emplois comme de la souveraineté industrielle.

    Plusieurs dizaines d'élus politiques ont appelé le Premier ministre François Bayrou à procéder à une « nationalisation temporaire » de Vencorex. La CFE-CGC partage-t-elle cette initiative ?

    Bien sûr. C’est la solution du bon sens, la plus pertinente, que nous avions portée avec François Hommeril et d’autres leaders syndicaux auprès de Marc Ferracci, alors ministre chargé de l'industrie dans le gouvernement de Michel Barnier. Une nationalisation temporaire aurait le mérite de protéger notre fleuron et de réfléchir, de manière apaisée, à trouver la meilleure solution industrielle. Nous militons également, même si cela prendrait du temps, pour la création d’un groupement d'intérêt économique (GIE), une proposition soutenue par la métropole. Cela permettrait de mutualiser les services de la plateforme. 

    Propos recueillis par Mathieu Bahuet