
Comment avez-vous réagi à l’annonce de Kohler en septembre dernier, qui pourrait acter la fin de 130 ans de fabrication française de céramique sanitaire de qualité ?
Au-delà de la surprise et de la déception, mes collègues de la CFE-CGC, les élus de notre syndicat au comité social et économique (CSE) et moi-même avons tout de suite mobilisé les acteurs publics. J’ai notamment rédigé une lettre à l’intention du Premier ministre, Jean Castex, pour lui rappeler l’histoire de la marque Jacob Delafon, la tradition de qualité qu’incarne le site de Damparis depuis 1899, et pour lui faire remarquer que les salariés avaient accueilli l’annonce de la fermeture de leur lieu de travail avec esprit de responsabilité puisqu’ils n’ont fait qu’un seul jour de grève.
Sébastien Peron, président de l’Union régionale CFE-CGC Bourgogne Franche-Comté, nous a ensuite mis en contact avec le député du Jura, Jean-Marie Sermier (LR). Ce dernier a interpellé le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, en séance à l’Assemblée nationale, et lui a remis en main propre notre courrier. Cela a été le point de départ de tout un travail conduit en lien avec la Confédération CFE-CGC, qui nous a permis de porter l’affaire à haut niveau.
Où en est-on aujourd’hui ?
La presse a fait état d’un potentiel repreneur et je peux vous confirmer qu’il y a bien, en effet, le groupe Kramer WTS, fortement orienté sur le « fabriqué en France », qui s’est fait connaître et avec qui des discussions sont en cours. Il a compris, dans la façon dont la CFE-CGC a défendu ce dossier depuis septembre, qu’il avait affaire à des syndicalistes raisonnables et motivés par la continuité de l’activité. Maintenant, je pense qu’il est beaucoup trop tôt pour donner de faux espoirs aux gens. Ce repreneur éventuel étudie des business plans. Nous sommes passés d’une impasse totale à une toute petite lueur d’espoir.
Quelles sont les hypothèses sur l’emploi ?
Il faut savoir que le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) a été lancé et que la procédure de recherche de repreneur obligée par loi Florange l’a également été début décembre. Les réunions légales R0 et R1 se sont tenues et nous sommes en train de nous pencher sur les livres 1 et 2. À ce stade, le plan prévoit la fermeture du site de Damparis, soit 146 postes supprimés, à quoi s’ajoutent 29 postes sur le site de Reims consacrés à la robinetterie, et 22 autres au siège social en Seine-Saint-Denis, dont nous avons découvert, hélas début décembre, qu’ils étaient inclus dans le PSE.
Le repreneur est intéressé par le savoir-faire local de Damparis. S’il concrétise, il est probable qu’il ne puisse pas préserver la totalité des emplois, mais on peut espérer qu’il en subsiste un nombre important. Pour fabriquer de la céramique sanitaire haut de gamme (lavabos, vasques, WC…), il faut un effectif incompressible et il y a des métiers qui ne peuvent être remplacés : modelage, matriçage, coulage, émaillage, enfournement et cuisson…