Au sein de la CFE-CGC EDF, devenue fin 2023 avec son alliée UNSA la première organisation syndicale chez l’énergéticien, on pourrait dire d’Aymery Saint-Loup qu’il est le Monsieur 100 000 volts de la section. Le célèbre surnom affublé à l’ancien chanteur Gilbert Bécaud pour son sens du swing et son inépuisable énergie colle en effet parfaitement à cet ingénieur nucléaire de 40 ans, tout à la fois danseur/photographe de West Coast Swing et propulsé en à peine 4 ans vers les hautes sphères syndicales d’EDF. « Syndicaliste, c’est le meilleur job de ma vie, sourit-il, le contact facile, chaleureux. Je me sens à ma place et surtout utile, à la fois pour les salariés et l’avenir de l’entreprise. »
Né en 1983 à Narbonne (Aude), Aymery Saint-Loup s’est toujours intéressé à la sûreté nucléaire. Après un double diplôme d’ingénieur en chimie de l'environnement et en génie atomique/ingénierie nucléaire (ENSCM à Montpellier et INSTN), il débute sa carrière en 2006 chez Areva comme ingénieur sûreté démantèlement à l’usine de retraitement de la Hague (Manche). Deux ans plus tard, il rejoint EDF comme formateur au process nucléaire (pilotage de simulateur, arrêt de tranche, mise en situation…) sur les centrales de Flamanville (Manche) puis de Golfech (Tarn-et-Garonne). « Moi qui avais toujours voulu enseigner et transmettre, ce fut un poste passionnant durant 7 ans. » À Golfech, il passe ensuite ingénieur de crise, coordonnant un panel d’exercices (accidents, incendie, attentat…) auprès de 350 salariés d’astreinte. « J’ai développé beaucoup de compétences relationnelles qui m’ont servi pour la suite. Ces missions m’ont aussi permis de travailler avec les organisations syndicales, notamment au début de la crise Covid. »
Électeur assidu aux élections professionnelles et sympathisant de base, il adhère en 2020 à la CFE-CGC. « Je me retrouvais dans le positionnement et les valeurs défendues par les équipes. » Devenu par la suite chargé d’études en lien avec le nouveau nucléaire, l’EPR, sur le site francilien EDF à Montrouge (Hauts-de-Seine), l’ingénieur opère alors une bascule syndicale. « J’ai eu envie de m’engager véritablement comme militant en m’impliquant et en préparant les élections nationales de novembre 2023 chez EDF. » Détaché à 100 % pour mener campagne, il arpente le terrain et contribue au succès local (48 %) de la CFE-CGC à la direction du nouveau nucléaire à Paris, Flamanville et Lyon.
Dès lors, les responsabilités syndicales s’amoncellent. Aujourd’hui, Aymery Saint-Loup est délégué syndical dans la section nouveau nucléaire, secrétaire CSSCT pour les projets de construction de nouveaux réacteurs nucléaires FLA3 et PEN3/4, élu CSE et membre du comité social et économique central (CSEC). « C’est passionnant de travailler dans cette instance stratégique avec toutes les pointures du Groupe EDF, aux côtés de mes collègues parmi lesquels Arnaud Barlet, bras droit d’Amélie Henri (déléguée syndicale centrale CFE-CGC et secrétaire nationale fédérale à la coordination du Groupe EDF), et Thierry Deleuze, notre responsable syndical au CSEC. »
Plébiscité pour son expertise et son implication dans l’instance, il se voit confier la présidence de la commission d'expertise sur le projet de réorganisation de la filière nucléaire d’EDF. Une belle reconnaissance personnelle et un chantier collectif titanesque pour piloter toutes les expertises mandatées dans les diverses entités du Groupe. « On a sélectionné des cabinets pour être accompagnés, pour interviewer les plus hauts dirigeants d’EDF, échanger avec les experts juridiques et toutes les organisations syndicales. De décembre à fin mars 2024, j’ai planché quasi-jour et nuit sur ce dossier hors norme. Cela m’a permis de monter fortement en compétences. Avec les équipes CFE-CGC, nous en avons aussi profité pour organiser des webinaires et sensibiliser les salariés aux enjeux. »
Un militant au cœur du réacteur syndical
Ingénieur et formateur nucléaire chez EDF, Aymery Saint-Loup, photographe de danse à ses heures perdues, se consacre depuis 2023 à temps plein à ses activités syndicales. Le tout avec une rare énergie communicative.
UN LEITMOTIV : LE TERRAIN
Très impliqué à tous les niveaux de l’entreprise, Aymery est par ailleurs dialogueur au sein de « Parlons Énergies », le laboratoire d'intelligence collective interne à EDF visant à échanger avec toutes les parties prenantes pour enrichir la stratégie de l’entreprise et de ses filiales. Reconnu pour sa force de travail dans les instances, il n’en n’oublie pas pour autant le terrain, érigé en leitmotiv. « J’adore ça. Aller à la rencontre des salariés est une source de motivation. Récemment, j’ai pu me rendre à la centrale de Flamanville pour accueillir François Hommeril, président confédéral. J’échange aussi énormément sur Teams avec nos adhérents et les salariés qui peuvent nous solliciter et à qui nous donnons toujours la priorité quand il s’agit de traiter une problématique professionnelle individuelle. » Relationnel, conseils, disponibilité, réponses sous 48 heures, suivi : le militant applique à la lettre les préceptes d’une action syndicale efficace, au plus près du terrain.
Si tout est allé très vite en quatre ans, Aymery Saint-Loup se réjouit de son engagement militant à plein temps. « Je prends du plaisir au quotidien et j’ai clairement envie de me projeter pour la suite de mon parcours syndical, tant les sujets sociaux et stratégiques sont forts chez EDF, par exemple avec les futurs réacteurs EPR2 commandés par les pouvoirs publics pour engager la relance du nucléaire en France, ou avec les centrales EDF à l’international : Hinkley Point en Angleterre, constructions en République tchèque, etc. »
Chez EDF, le dialogue social est un défi sans cesse renouvelé. « À mon niveau sur la partie nucléaire, il y a une logique de co-construction et les échanges sont satisfaisants avec la direction. C’est plus complexe au niveau national avec une nouvelle DRH et des points de frictions en termes de formation, de systèmes de rémunération et de déroulement des négociations avec les élus du personnel. »
En dehors d’EDF, Aymery, « du genre touche-à-tout », a été bénévole chez Les Shifters (une association engagée dans la décarbonation de l’économie) et conférencier. Niveau hobbies, le néo-quadra est droniste, adepte de plongée sous-marine mais surtout danseur-photographe, une passion à laquelle il consacre un week-end par mois en France et à l’international pour des événements regroupant des centaines de pratiquants. « Comme chez EDF, ça y swingue pas mal ! »
Mathieu Bahuet
1983
Naissance à Narbonne (Aude).
2003-2006
Diplômes d’ingénieur en chimie environnementale et en génie atomique.
2006-2008
Ingénieur sûreté démantèlement à l’usine Areva de la Hague (Manche).
2008-2016
Formateur au process nucléaire (centrales EDF de Flamanville et de Golfech).
2016-2022
Ingénieur gestion de crise à Golfech puis à la FARN à Cap Ampère.
2020
Adhésion à la CFE-CGC.
2022
Ingénieur nouveau nucléaire à Montrouge (Hauts-de-Seine).
2023
- Délégué syndical, secrétaire CSSCT, élu CSE et membre du CSEC.
- Détachement syndical à 100 %.