C’est LA publication attendue pour prendre le pouls du dialogue social dans les entreprises privées. Ifop-Syndex, tandem rôdé : le premier effectue le sondage à partir des contacts que lui procure le second (*). Au menu : le climat général du dialogue social en entreprise, une radiographie des comités sociaux et économiques (CSE), de leur connaissance par les salariés, de leurs apports et régressions selon les représentants du personnel. En voici les principaux enseignements.
ÉTAT D’ESPRIT DES MILITANTS : GLOBALEMENT NÉGATIF
Les représentants du personnel (RP) ont une vision positive de leur entreprise : 75 % pensent que la situation y est « bonne ». Mais leur état d’esprit est globalement négatif : 62 % d’entre eux se disent « fatigués », 53 % « inquiets », 36 % « déçus », 29 % « en colère ». Les « déterminés » ne sont plus que 43 %, les « motivés » 29 %, les « attentistes » 29 % et les « optimistes » 20 %.
CONNAISSANCE DU CSE PAR LES SALARIÉS : CORRECTE
Les salariés connaissent les principales caractéristiques d’un CSE, à ceci près que seuls 43 % savent qu’il est obligatoire dans les entreprises de plus de 10 salariés, la plupart pensant que la barre se situe à 50. Autre flottement : 33 % des salariés croient « vraie » l’affirmation selon laquelle « le CSE est une organisation syndicale » et 19 % que « les membres du CSE sont désignés par la Direction ». Deux assertions volontairement fausses qui leur ont été soumises lors du sondage.
ÉLECTIONS PROFESSIONNELLES : ALERTE SUR LE VOTE DES JEUNES
Si les salariés des entreprises de plus de 50 salariés ont majoritairement pris part au vote lors des dernières élections des RP de leur entreprise (61 %), une inquiétude surgit quand on regarde les tranches d’âges : 74 % des 40-49 ans ont voté, tout comme 68 % des cadres, mais seulement 33 % des 18-29 ans. Population parmi laquelle le sentiment d’être mal informé sur le CSE grimpe à 28 %.
VISIONS DU DIALOGUE SOCIAL PAR LES SALARIÉS ET LES MILITANTS : DIFFÉRENTE
S’agissant de la qualité du dialogue social dans l’entreprise, les RP ne voient pas les choses comme l’ensemble des salariés : 56 % d’entre eux lui attribuent une note inférieure à 5 sur 10, contre 45 % des salariés. Et 82 % des RP sont convaincus que les organisations syndicales « contribuent à la qualité de ce dialogue social », alors que seuls 65 % des salariés partagent cet avis.
NOMBRE D’ÉLUS ET D’HEURES DE DÉLÉGATION : PETITE SATISFACTION EN HAUSSE
81 % des représentants du personnel étaient satisfaits de leur nombre d’élus au CE et au CHSCT. Ils ne sont plus que 57 % à l’être depuis le passage au CSE. C’est toutefois huit points de plus qu’en décembre 2018 (49 %). Idem, 77 % des RP se satisfaisaient de leur nombre d’heures de délégation avant les CSE. Le pourcentage est tombé à 43 % aujourd’hui. Mais, là encore, il remonte, partant de 33 % fin 2018.
SEULE GAGNANTE DES CSE : LA DIRECTION
Aux yeux de 57 % des représentants du personnel, les salariés sont les grands perdants du passage en CSE, suivis par les RP eux-mêmes (40 %) et les organisations syndicales (33 %). Inversement, la direction est selon eux l’entité qui y gagne le plus (79 %), pourcentage qui monte à 87 % chez les RP des entreprises de plus de 1 000 salariés. Une infime minorité (5 %) des RP pense que le passage au CSE va améliorer le dialogue social contre 55 % qui pensent qu’il va le « détériorer » au sein de leur entreprise.
(*) Méthodologie : enquête réalisée par l’Ifop en janvier-février 2021 pour le cabinet de conseil en relations sociales Syndex. Entretiens téléphoniques et questionnaires en ligne auprès d’un échantillon de 1 306 salariés français et 1 131 élus du personnel dans des entreprises de plus de 50 salariés du secteur privé.
https://www.ifop.com/publication/letat-des-lieux-du-dialogue-social-en-2021/
Gilles Lockhart
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Publié le 09 - 04 - 2021
Salariés, élus du personnel : quelle perception du dialogue social ?
Une étude Ifop-Syndex, menée auprès de salariés, de directions et de représentants du personnel, dresse un état des lieux du dialogue social en 2021. Décryptage.