Réforme des retraites : quel impact pour les femmes ?
La réforme des retraites oblige les femmes à travailler plus longtemps sans résoudre les inégalités femme-homme en matière de niveau de pension et impacte les femmes ayant eu des enfants. Décryptage avec Christelle Thieffinne, secrétaire nationale CFE-CGC.
Les femmes, grandes perdantes de la réforme des retraites
Avec le recul de l’âge de départ à la retraite, ce sont bien les femmes qui ont eu des enfants qui en paient le plus gros crédit.
Chaque naissance ou adoption permet d’obtenir 8 trimestres supplémentaires pour la mère, dont certains peuvent être partagés avec le père, mais dans les faits cette possibilité est très peu utilisée. 8 trimestres, c’est 2 ans !
Cette mesure permettait pour beaucoup de pouvoir partir à taux plein à 62 ans ou de s’en approcher. Avec cette réforme, ces trimestres supplémentaires accordés au titre des enfants n’auront plus la même utilité. En effet même si les femmes atteignent le taux plein dès 62 ans en partie grâce à ces trimestres supplémentaires, elles ne pourront partir en retraite qu’à 64 ans et perdent ainsi ces trimestres acquis.
La réforme introduit une nouvelle surcote dite parentale pour les assurés ayant eu au moins un enfant et tous leurs trimestres requis.
Une surcote de 1,25 % de la pension de retraite est appliquée pour chaque trimestre qui permettrait de partir avant 64 ans. Dans une limite d’un an soit 5 % maximum. Attention, les assurées nées en 1964 ou avant en sont privées. Cette surcote parentale est cumulable à toute surcote dont celle pour 3 enfants.
De plus, contrairement à ce qui avait été annoncé par le gouvernement, le congé parental n’a pas été mieux pris en compte dans le calcul de la retraite des femmes. Seul des mesures sont prises pour faciliter l’accès à un départ anticipé pour carrière longue en tenant compte de façon très limitée de période d’arrêt pour élever leurs jeunes enfants ou en étant aidant familial. Finalement seules les femmes ayant eu des carrières quasiment ininterrompues, commencées tôt, peuvent partir avant l’âge légal via ce dispositif carrière longue.
La réforme impose aux femmes deux ans de plus à travailler avec une amélioration très limitée de leur pension future. Ce sont elles qui économiquement paient la plus grosse contribution à cette réforme avec deux ans de moins à percevoir leur pension.