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Publié le 17 - 12 - 2020

    Qui sont ces travailleurs de la « deuxième ligne » ?

    Les partenaires sociaux ont débuté une concertation sur les travailleurs dits de la « deuxième ligne » mis en lumière durant la crise sanitaire. Objectifs : redéfinir ces salariés et améliorer leur rémunération ainsi que leur formation.

    Qui sont-ils ? Dans quels secteurs travaillent-ils ? Comment améliorer leur situation professionnelle ? Telles sont les questions principales qui viennent à l’esprit quand on parle des travailleurs de la « deuxième ligne », ces mystérieux bataillons mis en lumière par la pandémie de la Covid-19 et les deux confinements. À cela, la CFE-CGC en ajoute une quatrième : dans quel mesure l’encadrement est-il concerné ? Pour répondre à ces questions, des concertations se déroulent entre partenaires sociaux depuis le mois de novembre avec le ministère du Travail. La CFE-CGC est la première organisation syndicale représentative à avoir été reçue pour exposer, avec les idées claires, sa vision du sujet.

    CAISSIÈRES, PERSONNEL DE MÉNAGE, ÉBOUEURS, LIVREURS : DES MÉTIERS TRÈS SOLLICITÉS DURANT LA CRISE

    Dans l’imaginaire créé par la Covid, les travailleurs de la « deuxième ligne » sont ceux qui sont sur le terrain, en contact avec le public - et donc exposés à un risque sanitaire direct - mais pas en toute « première ligne » comme le personnel soignant, et s’occupant de tâches a priori moins valorisées quoique tout aussi nécessaires : caissières, personnel de ménage, éboueurs, livreurs… Le but de la mission gouvernementale porte d’abord sur l’établissement d’une liste précise des métiers et des secteurs correspondant à cette appellation de « deuxième ligne ». Par la suite, il est prévu d’analyser la qualité de ces emplois, puis d’accompagner les branches professionnelles dans la revalorisation des métiers concernés.

    Les deux expertes à laquelle la ministre du Travail, Élisabeth Borne, a confié la mission de concertation, sont des personnalités de référence du monde du travail et des ressources humaines : il s’agit de Sophie Moreau-Follenfant, aujourd’hui la DRH de RTE après avoir été celle de Derichebourg ; et de Christine Erhel, économiste du travail, professeure au Cnam et membre du comité d’évaluation des ordonnances Macron de 2017.

    LA CFE-CGC FORCE DE PROPOSITION

    Pour la CFE-CGC, il y a deux temporalités à distinguer : dans l’immédiat, la mise en place d’un système de primes pour répondre à l’urgence et pour saluer la mobilisation des salariés de la « deuxième ligne » durant toute la période récente difficile ; sur la durée, la construction d’un référentiel et de solutions pérennes passant par une revalorisation salariale et par une politique de formation et d’accompagnement.

    Au coeur des propositions de la CFE-CGC, on trouve l’idée de compléter le salaire minimum de branche existant par un coefficient multiplicateur ponctuel des salaires en fonction de la « dangerosité du moment ». Ce mécanisme, inspiré du système de majoration des pensions qu’utilise l’armée pour les militaires envoyés en opérations extérieures, permettrait à un salarié en situation de risque sanitaire potentiel d’être automatiquement mieux payé qu’en temps normal. 

    Concernant la définition proprement dite des travailleurs de la « deuxième ligne », la CFE-CGC demande que des critères « simples, lisibles et opérationnels » soient définis au niveau interprofessionnel et qu’ils soient « suffisamment larges » pour n’oublier aucun des salariés concernés - y compris ceux de l’encadrement - partant du principe que « la qualification et le statut ne sont pas des protections contre le risque sanitaire ». À partir du niveau interprofessionnel, ce serait ensuite à la branche de définir les types de métiers concernés et à l’entreprise de déterminer les postes.

    IMPLIQUER LES BRANCHES PROFESSIONNELLES

    Sur le fond, la CFE-CGC estime que l’attractivité de ces secteurs relève de la compétence des branches et que c’est à elles de revaloriser les professions concernées et de travailler sur la notion de parcours professionnels et de formation professionnelle. Elle propose aussi qu’un « abondement compte personnel de formation (CPF) conséquent » soit institué pour tous les salariés de la « deuxième ligne », afin de leur permettre de construire leur carrière.

    QUATRE DATES À RETENIR

    • 14 OCTOBRE 2020

    Courrier commun des cinq organisations syndicales représentatives (CFE-CGC, CFDT, CGT, FO, CFTC) au Premier ministre, Jean Castex, dans lequel elles exigent, entre autres, « une réunion d'urgence consacrée à la reconnaissance effective du rôle essentiel des salariés et salariées des emplois dits de la deuxième ligne ».

    • 6 NOVEMBRE 2020
    Lancement de la concertation sur les travailleurs de la « deuxième ligne » au ministère du Travail en présence de la ministre, Élisabeth Borne, et des partenaires sociaux.

    • 25 NOVEMBRE 2020
    Audition des représentants de la CFE-CGC, Raphaëlle Bertholon et Jean-François Foucard, secrétaires nationaux confédéraux, par les deux personnes qualifiées chargées de la concertation : Sophie Moreau-Follenfant, DRH de RTE, et Christine Erhel, professeure au Cnam.

    • FIN DÉCEMBRE-DÉBUT JANVIER
    Restitution de la première phase de la mission visant à établir une liste des métiers concernés.

    Gilles Lockhart