Quel a été le déclencheur du mouvement social chez Disneyland Paris et où en est-il aujourd’hui ?
Les horaires adaptés, cumulés à la baisse du pouvoir d’achat, sont à l’origine de la grogne, partie directement des salariés. C’est un système de fluctuation des horaires de travail, visant à se caler sur des pics d’activité. Cet aménagement avait été mis en place à la réouverture des portes à l’issue de la période de fermeture due au Covid. Nous avions signé l’accord qui l’acceptait. Mais à son issue, deux ans plus tard, la direction a maintenu cette mobilité alors que l’entreprise connaît de nouveau de bons résultats économiques. L’annonce des résultats exceptionnels de la maison mère a fini de cristalliser les tensions. Du point de vue des salariés, ça n’est plus acceptable. Après plusieurs jours de grève ce printemps, le mouvement s’est essoufflé, dans l’attente des prochaines négociations annuelles obligatoires (NAO), que la direction va avancer à la fin du mois d’août. En attendant, la direction a accordé 125 euros de prime et permis d’échelonner le 13e mois ou le paiement de jours de congé. Ce ne sont que des avances de trésorerie.
La CFE-CGC a choisi de ne pas s’associer à ces grèves et manifestations. Pourquoi ?
Parce qu’il nous semble très important de préserver l’image de l’entreprise. Ce n’est pas en mettant à mal la société ou la fréquentation que l’on obtiendra quelque chose. Pour autant, nous comprenons et partageons les motivations des collègues grévistes. Simplement, nous tentons de conserver le dialogue avec la direction, pour un échange gagnant-gagnant. Nous avons conscience qu’elle a des enjeux de rentabilité mais on a aussi besoin que les salariés tirent quelque chose de ces bons résultats financiers. C’est avant tout grâce à eux que l’entreprise les obtient !
« Nous voulons une politique ambitieuse d’évolution salariale »
Déléguée syndicale CFE-CGC chez Disneyland Paris, Dorothée Argence veut entamer une négociation avec la direction pour qu’enfin les cadres et les agents de maîtrise puissent espérer une vraie politique d’évolution salariale.
Mieux reconnaître l’encadrement et stopper ce nivellement des salaires par le bas »
Dès lors, quelles revendications formulez-vous ?
Les cadres se plaignent d’un manque de reconnaissance. Ils sont toujours mis à contribution et restent les moins visibles et les moins bien pris en considération. Ils se montrent tellement fidèles à l’entreprise qu’on oublie de les traiter convenablement. Au prétexte qu’ils ne sont pas sur le terrain et au contact avec la clientèle, ils ne sont jamais prioritaires. Dans le même temps, ils subissent une importante charge mentale et de multiples responsabilités. On exige d’eux une grande disponibilité. Bref, cela commence à gronder.
Nous voulons donc nous asseoir autour de la table et revoir en profondeur la politique de rémunération des cadres et des agents de maîtrise en stoppant ce nivellement des salaires par le bas. Nous voulons une politique ambitieuse d’évolution salariale. Cela passe par exemple par une vraie prime d’ancienneté, qui récompensera la fidélité, alors qu’aujourd’hui elle est très basse. Cela passe aussi par l’aide à l’acquisition des prérequis parfois très élevés réclamés pour les mobilités internes, y compris au moyen de formations.
Les prochaines élections professionnelles se dérouleront en fin d’année. Qu’en attendez-vous ?
Plus de voix pour plus de poids. La CFE-CGC Disneyland Paris est aujourd’hui le cinquième syndicat représentatif au sein de l’entreprise. Plus nous représenterons de salariés, mieux nous serons écoutés. Pour y parvenir, nous nous attachons à être à l’écoute des salariés, nous recueillons leurs attentes, y compris au moyen de sondages. Nous ne signons jamais un accord sans les avoir consultés.
Propos recueillis par Sophie Massieu