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Publié le 28 - 11 - 2022

    Tourisme : la CFE-CGC dénonce un projet patronal irrecevable

    Comme les autres organisations syndicales, la CFE-CGC déplore un chantage patronal et des propositions de revalorisations salariales inacceptables au sein d’une branche où les grilles stagnent depuis des années.


    Situation particulièrement tendue dans la branche tourisme à l’occasion des négociations annuelles obligatoires (NAO) débutées ces derniers mois entre partenaires sociaux. « Les organisations syndicales font face à un véritable chantage de la part des organisations patronales dont les dernières propositions salariales s’apparentent à de l’enfumage », selon Monique Lamassé, présidente de l’Unité syndicale nationale Tourisme (USN Tourisme CFE-CGC) et vice-présidente du Syndicat national de l'encadrement et des services (SNES CFE-CGC) au sein de la Fédération des commerces et services (FNECS CFE-CGC).

    « La proposition patronale porte sur une moyenne d’augmentation des minimas de salaire conventionnel (SMCG) de 7,1 %, applicable à la seule condition que les organisations syndicales acceptent que la prime d’ancienneté ne soit plus indexée sur les minimas de salaires SMCG, explique la militante. Or, cette indexation est ce qui permet une augmentation automatique de la prime d’ancienneté lors des revalorisations du SMCG. En agence, elle représente bien souvent la seule augmentation appliquée aux salariés ayant de l’ancienneté. Pour résumer, cette offre conduit à un recul des acquis sociaux de la convention collective du tourisme. »

    Dans un même élan, les organisations syndicales ont rejeté le projet patronal qui, dans la réalité des faits, est bien éloigné de la prétendue augmentation générale de 7,1 % des salaires minimas de la branche tourisme. « De plus, les salariés dont la rémunération est au-dessus des minimas ne sont pas concernés », souligne Monique Lamassé.

    UN SECTEUR EN PERTE D’ATTRACTIVITÉ

    Partant du constat, dans le tourisme, que les salaires des groupes A et B, catégories employées, sont régulièrement (voire systématiquement) inférieurs au SMIC, cette proposition ne fait que « camoufler l’absence d’augmentation des salaires depuis des années dans une branche où l’on ne fait que procéder à des rattrapages par rapport au SMIC », déplore Monique Lamassé. « Pire encore, le patronat conditionne la revalorisation de la prime d’ancienneté sur une période rallongée tous les 24 mois au lieu de tous les ans, ce qui est inacceptable », fustige Élisabeth Berna, une des négociatrices de branche pour l’USN Tourisme CFE-CGC.

    « À ce stade et sans changement de cap, les métiers du tourisme perdent de leur attractivité et pourraient prendre les mêmes chemins semés d’embûches que la restauration tant, sur le terrain, le secteur peine à embaucher », ajoute Christian Deroo, secrétaire général de l’USN Tourisme CFE CGC.

    Le projet patronal conduirait à une dévalorisation de la valeur travail et à une perte significative de pouvoir d’achat »

    Pro-actives durant la négociation, les équipes CFE-CGC ont notamment milité pour des augmentations générales de l’ordre de 9 % et pour le maintien des écarts entre les différentes catégories. « Concrètement, la proposition patronale ne comprend plus le maintien des écarts de salaires entre les catégories, elle les réduit, analyse Élisabeth Berna. Cela conduit à une dévalorisation de la valeur travail, à un glissement entre les catégories et à une perte significative de pouvoir d'achat. »

    Alors que la partie patronale a purement et simplement quitté la table des négociations, les organisations syndicales doivent désormais faire un point de situation pour déterminer les actions à mener. « Nous en saurons plus début décembre après la prochaine commission paritaire permanente de négociation et d’interprétation (CPPNI), précise Monique Lamassé. C’est d’autant plus dommageable que ces blocages patronaux ont des répercussions sur les autres négociations dans la branche. »

    L’USN TOURISME CFE-CGC, UNE STRUCTURE DYNAMIQUE DE PROXIMITÉ

    Dans un contexte difficile, l’USN Tourisme CFE-CGC, qui représente et défend les intérêts des salariés de plusieurs conventions collectives (agences de voyage, guides accompagnateurs, guides conférenciers, organismes de tourisme, tourisme social et tourisme familial), garde le cap. « Nous sommes une structure syndicale très dynamique avec des équipes de proximité qui accompagnent au quotidien les adhérents, témoigne Monique Lamassé. Dans les réunions de branche, nos négociateurs portent régulièrement le sujet du salaire minimum hiérarchique (SMH) sachant que, répétons-le, les salaires minimums y sont régulièrement situés en-dessous du SMIC. On part de loin ! »

    Mathieu Bahuet