Pourquoi témoignerez-vous lors de ce colloque ?
J’ai été amené à côtoyer Christophe Roth, secrétaire national de la CFE-CGC et président de l’Agefiph, dans des événements. Nous sommes devenus des amis proches au fil de nos engagements communs et s’il m’a sollicité pour le colloque, c’est sans doute aussi parce que son thème touche à mon métier : je suis un entrepreneur dont les activités tournent autour de la place des personnes handicapées dans la société, que ce soit via mes prises de position médiatiques, mon association Comme les autres, mon agence sportive dédiée au handicap Handiamo, ma société de production Les Gros Films. J’y consacre toute mon énergie au quotidien.
Vous faites travailler des personnes en situation de handicap ou bien vous êtes spécialisé dans leur placement dans le monde du travail ?
Les deux, en fait. L’association Comme les autres que j’ai créé en 2011 avec ma femme et mon frère compte aujourd’hui sept antennes en France et emploie 35 salariés. Son objet social est d’accompagner des personnes handicapées dans leur parcours de reconstruction et plus globalement dans leur accès aux droits. Un de ses objectifs majeurs est l’accès et/ou le retour à l’emploi de 500 personnes accidentées dans les 3 ans qui viennent.
Quelle est votre vision de l’évolution du monde du travail en France par rapport au handicap ?
Cela fait 23 ans que je suis concerné par cela à titre personnel et je vois ce monde évoluer. Il est clair qu’il se passe des choses et qu’il y a des prises de conscience. Cela étant, je suis un optimiste réaliste : il y a encore du travail à faire en matière de responsabilisation et de bon sens.
Responsabilisation de qui ?
Des managers, des recruteurs, des chefs d’entreprise, des collaborateurs, en allant les bousculer sur la réalité de ce que nous sommes et de ce qui se passe, sans les accuser de quoi que ce soit, mais en les informant et les sensibilisant. On donne des éléments pour faire réfléchir, pour que les décideurs ne puissent plus dire « je ne savais pas ». Et on attend d’eux qu’ils s’engagent et prennent leur part à une société plus juste, qui donne sa chance à tout un chacun.
Et le bon sens ?
Cela veut dire que les freins qui existent à l’embauche sont uniquement liés à la perception que la société s’est faite du handicap. Le bon sens, c’est de réaliser que la plupart du temps, il n’y a pas besoin d’aménagement du poste, que souvent ce qui paraît être une montagne ne demande rien d’autre que juste une discussion de trois minutes, qu’en gros il y a très rarement de vrais problèmes pratiques. Et donc que c’est quoi le problème ?
Quel rôle jouez-vous dans le cadre des prochains Jeux olympiques et paralympiques de Paris ?
Depuis 8 ans, je fais partie de l’équipe de candidature et il faut savoir que depuis 2020, l’équipe de France olympique et l’équipe de France paralympique forment une seule et même équipe de France, unie par un emblème commun. Je suis membre de la commission des athlètes et j’ai été nommé chef de mission, avec le handballeur Jackson Richardson, par le Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) et le Comité Paralympique et Sportif Français (CPSF). Donc je crois que je fais partie des personnes référentes sur tous les enjeux liés à l’héritage et à l’impact futurs des Jeux paralympiques sur la société, et d’ici là sur les questions de sensibilisation, d’intégration et d’accessibilité.
Propos recueillis par Gilles Lockhart