C’est fin septembre que se sont ouvertes les négociations sur la Qualité de vie au travail (QVT) à la Maif. Après une réunion d’étape le 14 octobre, elles sont censées se conclure en novembre. Edith Masson, secrétaire syndicale de la CFE-CGC Maif, a lancé les débats avec une proposition forte : la fermeture pure et simple des serveurs d’emails de la mutuelle entre 20 h 30 et 7 h 00 du matin. « Une demande un peu radicale », reconnaît-elle, et qui risque d’être compliquée par rapport aux systèmes informatiques. Mais une revendication symbole du droit à la déconnexion, notamment pour les cadres de la Maif hyper-sollicités depuis le début de la crise sanitaire et les réorganisations qui ont suivi. Le ballon d’essai a en tout cas servi de stimuli à la DRH et aux autres organisations syndicales. Le débat est ouvert.
Maif : la CFE-CGC moteur sur la qualité de vie au travail
La QVT est un cheval de bataille de la CFE-CGC. Illustration avec les négociations en cours chez l’assureur mutualiste.
Le droit à la déconnexion est un sujet extrêmement important sur lequel nous souhaitons la mise en place de directives opérationnelles très claires »
La Maif dispose déjà d’un accord sur la QVT signé en 2017 et valable jusqu’à fin 2020. Il contient notamment « de bonnes choses concernant les salariés qui reviennent d’une absence longue - femmes ayant accouché par exemple - ou le traitement par la médiation relationnelle des crispations qui peuvent se produire dans une équipe », explique Edith Masson. En revanche, le petit pavé qu’il consacrait au droit à la déconnexion « n’a pas vraiment fait l’objet de suivi alors que c’est un sujet extrêmement important sur lequel nous souhaitons la mise en place de directives opérationnelles très claires ».
Parmi les thèmes QVT que porte la CFE-CGC à la Maif, quatre exemples se détachent :
1. À la frontière de la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE), la responsabilisation pour limiter l’envoi d’emails superflus et modifier les comportements. « Quand on est physiquement présent sur un site, on essaie de communiquer directement avec ses collègues et d’éviter de s’envoyer des emails, fait valoir Edith Masson. Il faut réhabiliter les liens entre les individus, surtout en mode télétravail où nous serons isolés une partie du temps. Et faire baisser la grosse consommation d’énergie due aux serveurs. C’est aussi la performance de l’entreprise qui s’améliore lorsqu’on arrête de passer du temps sur des emails qui ne nous concernent pas et qu’on doit supprimer. Nous souhaitons un véritable accord de responsabilité collective sur ce droit à la déconnexion en lien avec l’hyperdigitalisation. »
2. L’instauration d’un quart d’heure de pause entre deux réunions de longue durée. Pour nombre de cadres, l’enchaînement des visioconférences Zoom et Teams depuis le début de la crise sanitaire est parfois pire que le rythme des réunions physiques. Le droit de souffler entre chaque session à distance doit être instauré.
3. Un moratoire du déplacement des open space. « Nous ne sommes pas contre les open space, assure Edith Masson, mais opposés à la façon dont la direction les met en place, sans tenir compte du besoin de nos collègues. Certains ont besoin de s’isoler pour traiter de gros dossiers, ce qui est impossible avec trente personnes autour. Il y a aussi le bruit : ça résonne ! Les gens sont fatigués à la fin de la journée et partent avec des maux de tête. Ma collègue déléguée syndicale Dominique Jeuffrault est en pointe sur cette bataille. »
4. « On veut aussi aller sur le forfait de mobilité durable », revendique Edith Masson, c’est-à-dire étendre les possibilités d’échange de voitures, que ce soient des véhicules de fonction, de service ou personnelles. « Si j’ai une réunion toute la journée et que ma voiture reste sur le parking, pourquoi ne pas permettre à quelqu’un d’autre de l’utiliser ? On pourrait commencer par des prêts entre salariés Maif. Ce serait une belle mesure de solidarité entre les générations et les fonctions. Et au passage une bonne chose pour la RSE ! »
Gilles Lockhart