Pouvez-vous nous présenter le Syndicat national des activités du transport et du transit (SNATT CFE-CGC) ?
Premier syndicat de la Fédération CFE-CGC des Transports, le SNATT est organisé en unions professionnelles couvrant les salariés de divers secteurs : le transport routier de marchandises, la logistique, le transport interurbain de voyageurs (cars scolaires et de voyageurs), le transport de fond, le transport sanitaire (ambulances) et toutes les activités liées au déchet. Les responsables d’unions professionnelles (RUP) sont chargés d’aider nos délégués syndicaux dans les entreprises. À titre personnel, je suis responsable adjointe de l’union professionnelle marchandises.
Représentant et défendant les intérêts de l’encadrement (agents de maîtrise, agents de haute maîtrise, techniciens, ingénieurs et cadres), le SNATT affiche une belle dynamique de développement en ayant triplé son nombre d’adhérents en dix ans. La convention collective des transports couvre 755 000 salariés dont 10 % de personnels d’encadrement, parmi lesquels seulement 19 % de femmes. En termes de représentativité, la CFE-CGC a progressé lors de la dernière mesure d’audience en 2021, obtenant 5,85 % dans la branche du transport routier et 20,22 % dans celle des déchets.
« Le SNATT CFE-CGC est la voix de l’encadrement dans les transports »
Coordinatrice des instances paritaires au sein du Syndicat national des activités du transport et du transit sous la présidence de Roger Pfauwathel, Fabienne Vervoux témoigne du dynamisme de la structure et fait le point sur les négociations salariales de branche.
Quelles sont les principales revendications portées par le SNATT ?
La grande partie de nos adhérents provient de l’encadrement intermédiaire (agents de maîtrise et de haute maîtrise). Nos sections syndicales œuvrent au quotidien sur toutes les grandes problématiques spécifiques à nos secteurs : attractivité et conditions de travail, égalité professionnelle femmes-hommes (discriminations salariales, calcul du congé paternité désincitatif dans la convention collective de branche), etc. Sans oublier le volet rémunérations, sachant que beaucoup de coefficients cadres se trouvent aujourd’hui sous le seuil du plafond de la Sécurité sociale, ce qui a un impact très important sur le taux de cotisation au régime de retraite. Par ailleurs, les impacts de la loi Fillon (réduction générale des cotisations patronales) sur les salaires sont particulièrement prégnants dans nos activités, en contribuant à maintenir les salaires conventionnels à un niveau dramatiquement bas.
Valoriser nos actions innovantes dans la branche et accompagner nos délégués syndicaux dans les entreprises »
Le SNATT a dévoilé le 5 octobre dernier sa nouvelle identité visuelle et un nouveau slogan : « Montrer la voie – Porter la vôtre ». Quelle en est la logique ?
Sous l’impulsion de notre président, Roger Pfauwathel, cette démarche s’inscrit dans notre stratégie de développement pour continuer de recruter des adhérents et valoriser les actions du SNATT au sein de la branche transport et de l’encadrement des métiers intermédiaires. Nous devons capitaliser sur notre dimension catégorielle. Ce dynamisme se traduit par des propositions innovantes au sein des commissions paritaires permanentes de négociation et d’interprétation (CPPNI), dans les négociations paritaires de branche ainsi que par une campagne de communication ambitieuse : boîtes à outils pour accompagner nos délégués syndicaux, kits de communication dédiés aux directions RH des entreprises du secteur pour faciliter la création de sections…
Sur le terrain, les sections mènent un gros travail de fond qui se révèle payant, à l’image des bons résultats enregistrés, entre autres, au siège de Keolis SA (1 700 salariés), où la CFE-CGC est devenue la première organisation syndicale, et sur le site logistique d'Amazon à Augny (Moselle), où nos équipes ont obtenu 100 % de représentativité sur le troisième collège lors des premières élections professionnelles. Le SNATT est ainsi présent dans tous les grands groupes et entreprises de la branche. Plus largement, il faut saluer le travail de l’ensemble de nos responsables des unions professionnelles.
Nous sommes fiers d’avoir obtenu l’ouverture d’une prochaine négociation spécifique sur le statut cadre dans la branche »
Au niveau de la branche transports, les négociations annuelles obligatoires (NAO) se tiennent depuis début octobre entre partenaires sociaux. Où en est-on ?
Fin octobre, les organisations patronales ont proposé des augmentations générales de 3,7 % pour l’ensemble des catégories de salariés. Ce montant a été jugé insuffisant par les organisations syndicales dont la CFE-CGC. Les discussions ont repris et ont débouché sur un nouvel accord, signé par nos équipes, prévoyant des revalorisations de 6 % applicables au 1er décembre prochain. En cumul sur l’année, cela représente des augmentations générales de 12 %. C’est plutôt satisfaisant dans le contexte économique exceptionnel que nous connaissons. Ce d’autant que l’accord prévoit l’ouverture, début 2023, d’une négociation spécifique sur le statut cadre dans la branche (retraite, rémunération, classifications, congés maternité et paternité…). Nous en sommes fiers : c’est une avancée très importante à mettre au crédit des négociateurs du SNATT, mobilisés depuis deux ans sur le sujet.
Vous êtes par ailleurs déléguée syndicale centrale CFE-CGC chez Dachser France (transport routier de marchandises). Qu’en est-il du dialogue social ?
Le climat social s’améliore même si cela reste compliqué. L’entreprise, qui compte plus de 3 000 salariés et 60 sites en France, a eu du mal à s’ouvrir au syndicalisme. Qui plus est, nous sommes passés de 3 comités d’entreprise (CE) à l’époque à 23 comités sociaux et économiques (CSE) aujourd’hui, ce qui a considérablement compliqué la tâche des élus du personnel. Aux dernières élections de 2019, la CFE-CGC a obtenu 30 % sur son champ catégoriel. Le prochain scrutin est programmé fin 2023. Nos équipes sont mobilisées avec en particulier la signature, cette année, d’un nouvel accord majoritaire sur le temps de travail. Pour les NAO, nous avons obtenu, en juillet dernier, des augmentations générales de 4 % qui s’appliqueront au 1er décembre. Nous allons désormais monter au créneau pour la mise en place d’une prime sur le partage de la valeur et pour faire avancer à avril 2023 les prochaines négociations salariales.
Propos recueillis par Mathieu Bahuet