Quels sont les principaux résultats à retenir ?
Nous sommes en progression partout. Au sein de la maison-mère, les élections professionnelles n’ont lieu que depuis 2005 puisqu’auparavant, nous étions sous un régime dérogatoire sans CE. A cette époque, la CFE-CGC pointait à la sixième place des organisations syndicales (OS) avec un score de 2,3 %. Quatorze ans après, elle est devenue la première OS, légitimée par un fort taux de participation de 72 %.
En 2005 nous ne réalisions que 1,1 % sur les fonctionnaires, aujourd’hui 16,5 %. L’arrêt de leur recrutement s’étant fait en 1997, ce n’est pas une quelconque évolution sociologique qui nous aurait favorisés. Les fonctionnaires de 2019 étaient déjà là en 2005. Nous avons su gagner leur confiance et les convaincre de voter pour vous. Notons que sur les seuls salariés de droit privé de la maison-mère, nous réalisons désormais 32,9 % tous collèges confondus.
Dans les filiales, on peut citer les 48,4 % obtenus chez Orange Business Services (5 000 électeurs), les 57,5 % chez Business & Décisions (2 500 électeurs) ou encore les 49,4 % chez Orange Banque (800 électeurs), où les élections ont eu lieu un peu avant.
Comment expliquez-vous cette forte dynamique de la CFE-CGC ?
Nous avons proposé un programme qui correspond aux attentes des personnels. Cette élection s’est faite sur les propositions, le contenu, l’accompagnement des salariés, les services et les expertises dont nous disposons sur des sujets comme la gestion des carrières et des compétences, les activités sociales et culturelles, l’épargne salariale, l’actionnariat…
La CFE-CGC d’Orange entend être une organisation force de propositions. Nous devons être dans la co-construction et non pas dans la co-gestion qui n’est que la gestion du passé et l’acceptation de ce que dit la Direction. Nous défendons aussi l’idée que le rôle d’une OS est de sortir de l’entreprise pour se préoccuper de l’écosystème de la filière. Nous allons plaider nos causes devant les ministères, les parlementaires, les collectivités locales. Nous sommes en conflit avec le régulateur (l’ARCEP) parce qu’il détruit chaque jour la filière des télécoms et ses emplois. Le secteur des télécoms a été marqué par la disparition d’Alcatel et de Sagem. Cela interroge sur la prétendue règlementation mise en œuvre depuis une vingtaine d’années. Si vous intervenez dans ces champs-là, vous rencontrez la fibre citoyenne des personnels d’un acteur incontournable de la souveraineté numérique de la nation.
Pourquoi la CFE-CGC Orange n’avait-t-elle pas signé le protocole d’accord préélectoral du CSE en mai 2019 ?
Pour de nombreuses raisons dont le fait que la Direction ait refusé dans ce protocole de fournir les listes d’électeurs ou de préciser le nombre de votants salariés de droit privé ou fonctionnaires. Sans ces infos, comment être certain de l’exactitude des résultats ? Comment connaître votre représentativité dans chacun des périmètres ? Autre point sensible : la Direction a retiré plusieurs centaines de cadres supérieurs, votant majoritairement pour la CFE-CGC, des listes électorales au prétexte qu’ils avaient précédemment été présidents des instances de représentation du personnel. Imaginons la même chose dans toutes les entreprises : ce sont des milliers de voix perdues pour la CFE-CGC au niveau national. Tout cela est en contestation devant les tribunaux.
Je pourrais multiplier les motifs en parlant de l’organisation des CSE, des commissions santé, sécurité et conditions de travail (CSSCT), des représentants de proximité (RP) qui a été faite en dépit du bon sens ou du fait que la Direction a refusé qu’une partie des suppléants siègent en CSE, rendant le fonctionnement des instances très difficile. Nous avons une DRH dont le but est assurément d’affaiblir la représentation sociale et de refuser tout dialogue social constructif avec la CFE-CGC Orange, pourtant première organisation syndicale… C’est assez à contre-courant pour une entreprise du CAC 40 qui se veut digitale et humaine.
PROCÈS FRANCE TÉLECOM : RESTER VIGILANT
Propos recueillis par Gilles Lockhart