Alerte rouge à Ingrandes-sur Vienne, près de Châtellerault (Vienne), la commune abritant les emblématiques Fonderies du Poitou et ses divers sites industriels dont l’usine fonte (production de carter cylindre pour moteurs diesel et essence) et l’usine aluminium (production de culasses). En cessation de paiement, les deux entreprises, abritant respectivement 280 et 292 salariés, ont en effet été placées en redressement judiciaire le 23 avril dernier par le tribunal de commerce de Paris.
Travaillant toutes deux pour un client unique, Renault, les fonderies fonte et aluminium sont la propriété du grand groupe métallurgique britannique GFG Alliance, à la réputation sulfureuse et en grande difficulté financière depuis la récente faillite de son principal financeur, la société Greensill.
La CFE-CGC mobilisée pour sauver les fonderies du Poitou
Placées en redressement judiciaire et menacées de fermetures, les usines des fonderies fonte et aluminium (près de 600 salariés) sont en quête d’un repreneur. Explications avec Serge Rioult, délégué syndical CFE-CGC.
Depuis la reprise de la fonderie fonte en 2019, Liberty Alvance n’a jamais tenu ses engagements ni fixé de véritables solutions d’avenir »
« La fermeture de l’usine fonte, fondée en 1980 par Renault et qui a changé de propriétaires plusieurs fois ces dernières années, était programmée pour le 11 juin prochain, détaille Serge Rioult, délégué syndical du site où la CFE-CGC pèse environ 40 % de représentativité. Lors de la reprise de la fonderie en 2019 par Liberty Alvance, filiale de GFG Alliance, il était prévu d’investir un million d’euros afin de diversifier la production pour fabriquer d’autres pièces que les carters, en perte de vitesse avec la crise du diesel. Malheureusement, comme pour ses autres sites industriels français (le site d'aluminium à Dunkerque, l'usine de rails d'Hayange…), GFG n’a jamais tenu ses engagements ni fixé de véritables solutions d’avenir. Là-dessus, la crise du Covid-19 a catalysé les difficultés de l’entreprise jusqu’à l’annonce, fin 2020, d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) que nous avons négocié et dont nous demandons aujourd’hui la garantie du financement et de l'application pour les salariés en termes de reclassement, de formation, etc. »
Alors que le dossier est remonté jusqu’au sommet de l’État et qu’une délégation CFE-CGC a été reçue dernièrement à Bercy, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a annoncé, le 26 avril, la mise en place d’un fonds de 50 millions d'euros pour accompagner la reconversion des salariés du secteur automobile, dont les fonderies en grande difficulté. Les modalités de ce plan doivent être discutées très prochainement avec les partenaires sociaux et les régions. « Nous nous méfions des effets d’annonce, indique Serge Rioult. Pour la CFE-CGC, l’argent doit être utilisé pour une reconversion du site avec de véritables ambitions affichées pour les activités de fonderie en France. »
PRIORITÉ À UN PROJET DE REPRISE DU SITE
En parallèle, l’administrateur judiciaire va débuter la recherche de repreneurs pour les deux fonderies fonte et aluminium. Pour la fonte, ce travail avait débuté dans le cadre du PSE en vue de la fermeture de l’usine. Conformément à la loi Florange, un cabinet d’expert avait été mandaté pour entamer des discussions auprès de potentiels repreneurs de la société.
« Concernant l’usine de fonte, qui était menacée de fermeture au 11 juin prochain, il y aurait des contacts établis avec quatre repreneurs : deux Français, un Européen et un dernier, probablement asiatique, explique Serge Rioult. Un point sera fait le 8 juin avec le tribunal. La CFE-CGC a fait valoir au gouvernement qu’il fallait s’assurer d’un repreneur sérieux, pour ne pas revivre dans un an ou deux la même situation. Sans repreneur, l’usine serait condamnée alors que nous sommes tout à fait capables de la transformer pour faire autre chose. Actuellement, avec la mise en redressement judiciaire, le PSE, qui était en négociation, et la fermeture du site sont suspendus. »
Mathieu Bahuet