L’occasion pour le président de la CFE-CGC de dire d’abord sa satisfaction de la reconduction de Roland Lescure au ministère de l’Industrie, un homme qu’il crédite, pour avoir travaillé avec lui sous le gouvernement Borne, « d’une écoute, d’une équipe et d’une volonté d’incarner le soutien gouvernemental à l’industrie ».
Il a ensuite rappelé un pilier de la doctrine industrielle de la CFE-CGC, à savoir la nécessité d’une stratégie d’intervention gouvernementale axée sur les emplois qualifiés et sur l’investissement dans des filières par de la recherche publique. François Hommeril a apporté un soutien appuyé à l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES), association dont les syndicats font partie de la gouvernance au même titre que des représentants du Premier ministre et des scientifiques : « Ces collaborations avec les équipes de l’IRES sont très importantes pour nous et nous nous sommes très investis ces derniers temps sur le sujet de la continuation nécessaire du travail de l’IRES qui nous offre des perspectives de haut niveau quand on traite des sujets complexes. »
UNE ÉTUDE NOURRIE DE L’EXPERTISE TERRAIN DES MILITANTS CFE-CGC
De fait, l’étude complète qui fait 200 pages et dont une synthèse est consultable ici, a été largement alimentée par des expertises d’élus de la CFE-CGC. Sébastien Crozier (Orange), Michel Histe (Sanofi), Xavier Le Coq (ex-délégué national à l’Industrie), Olivier Marcé (Nokia), Philippe Petitcolin (General Electric), François Reyrolle (Merck), Christophe Roque (Sanofi), Jean-Louis Vignolo (General Electric), entre autres, ont nourri la réflexion des auteurs : Catherine Sauviat, chercheure associée (Économiste) et rédactrice en chef de la Chronique Internationale de l'IRES, Claude Serfati, chercheur associé (Économiste) et Marcus Kahmann, chercheur (Sociologue) (de gauche à droite sur la photo). Ces derniers ont déroulé une présentation de leur travail avant de répondre aux questions de la salle.
Sur le fond, l’étude interroge le renouveau des politiques industrielles en France à partir des exemples des télécoms et de la pharmacie, et elle compare les approches française et allemande en ce qui concerne l’industrie du futur (« industrie 4.0 »). Le constat de départ est que les politiques industrielles menées en France depuis la seconde guerre mondiale ont toujours été axées sur les grands groupes, que ceux-ci occupent un poids surdimensionné dans le système productif et concentrent une grande partie des aides publiques.
Le rapport souligne aussi que cette politique s’est limitée à des aspects réglementaires dans la pharmacie mais qu’elle a été particulièrement développée dans le cas des télécoms, secteur « dont le recul continu de la production, de l’emploi et des capacités d’innovation, combiné à un important déficit commercial, interroge la pertinence » d’une telle politique.
Lors des échanges conclusifs, François Hommeril a rappelé qu’Angela Merkel, ancienne chancelière allemande, avait une formation scientifique, ce qu’aucun dirigeant français ne peut revendiquer. « Nos dirigeants n’aiment pas la recherche parce qu’ils ne la comprennent pas. Je pense que cela joue énormément dans le handicap français. L’ensemble des dispositifs de financement de la recherche en France, qui sont très onéreux comme vous l’avez démontré, ne déploient pas leur efficacité. Ils ne touchent pas leur cible parce qu’au final ils ne valorisent pas la recherche publique qui va générer de la rentabilité à 10 ou 15 ans et qui nous permettrait d’accélérer la réindustrialisation. »
Gilles Lockhart