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Publié le 27 - 11 - 2025

    Handicap au travail : un colloque CFE-CGC qui marque les esprits

    Organisé le 26 novembre en partenariat avec l’Agefiph, le colloque CFE-CGC « Handicap et parcours professionnel, la vérité qui dérange », par ses témoignages militants, a mis en lumière les réalités du terrain, les progrès accomplis et les freins qui restent à lever.

    Faire tomber les masques, confronter les discours à la réalité du handicap au travail et poser des mots sur cette « vérité qui dérange », celle d’une société qui parle d’inclusion mais qui peine à la traduire concrètement dans le travail quotidien. C’est forte de ces ambitions que la CFE-CGC a organisé, le 26 novembre, en partenariat avec l’Agefiph (Association de gestion du fonds pour l'insertion des personnes handicapées) et avec le soutien de l’union départementale CFE-CGC de Paris, un grand colloque sur le handicap et les parcours professionnels en présence de plus de 300 invités et de nombreux partenaires réunis dans la magnifique Salle Gaveau (8e arrondissement de Paris).

    En donnant la parole aux acteurs de terrain, la CFE-CGC a une fois encore démontré son profond engagement en faveur des personnes en situation de handicap. Par leurs témoignages, Caroline Dekerle (directrice générale de l'Agefiph), Christian Expert (médecin du travail et militant CFE-CGC), Christophe Legois (délégué national CFE-CGC au sein du secteur accessibilité et égalité des chances), Sylvie Ribreau (directrice d’établissement de l’ESAT Berthier), Ryadh Sallem (fondateur et délégué général de CAP SAAA, athlète paralympique) et Anne-Sophie Tuszynski (fondatrice de Cancer@Work) ont rappelé combien l’inclusion n’est pas une option morale mais un enjeu humain, social et économique.

    Retour et maintien dans l’emploi après une maladie ou un accident, handicap invisible, fatigue chronique, troubles neurocognitifs, dispositifs d’accompagnement, rôle des partenaires sociaux et des militants syndicaux, accessibilité organisationnelle, technique et managériale en entreprise : les échanges ont été denses et inspirants (lire par ailleurs le compte-rendu de la table ronde animée par le journaliste Patrick Lonchampt).  

    Derrière les chiffres de l’emploi des personnes en situation de handicap, il y a des parcours, des compétences et, trop souvent, des occasions manquées »

    La soirée a débuté par une intervention vidéo de Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre chargée de l’Autonomie et des Personnes handicapées. « Le titre de votre colloque dit tout sur la nécessité de placer l’inclusion au cœur des débats, a-t-elle souligné. Si des progrès ont été réalisés ces dernières années, le taux de chômage des personnes en situation de handicap s’élève encore aujourd’hui à 12 %, contre 7,3 % de la population active. Il faut aller plus loin car derrière ces chiffres, il y a des parcours, des compétences et, trop souvent, des occasions manquées. »

    Saluant l’engagement de la CFE-CGC, des partenaires sociaux et de l’Agefiph, la ministre a évoqué la signature, le 18 novembre dernier, d’une convention pour l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap. Associant l’État, France Travail, le réseau Cap emploi, l’Agefiph et le FIPHFP, cette convention 2026-2028 doit renforcer l’intégration des services et améliorer l’accompagnement des individus et des employeurs, publics et privés. « Nous développons par ailleurs des outils et des dispositifs comme Handimatch et l’emploi accompagné pour contribuer à lever les barrières. »

    Ne rien céder à la résignation et aménager des espaces dans lesquels chacun peut se réaliser, avec ses capacités, et trouver sa place »

    Place ensuite à François Hommeril. « Il n’y a pas de qualités, il n’y a pas de défauts, il n’y a que des handicaps, a déclaré sur scène le président de la CFE-CGC. Le handicap est une affaire de situation. La personne à l’autonomie réduite sait tout de la conquête de l’autonomie et de l’intelligence qu’il faut déployer pour y arriver. »

    Valorisant les talents professionnels des personnes en situation de handicap, François Hommeril a pris l’exemple des salariés atteints de troubles psychiques travaillant au sein des usines industrielles de la Fondation Amipi dans le grand Ouest, où sont fabriquées des faisceaux électriques pour l’industrie automobile, une tâche encore impossible à automatiser. « Ces salariés démontrent chaque jour, par leurs compétences, qu’ils sont un atout au service de la précision. »

    Le président confédéral a mis en avant l’engagement au long cours de la CFE-CGC. « Le handicap est un sujet syndical. C’est l’honneur de la CFE-CGC d’avoir porté, depuis 20 ans, cette question au plus niveau de son organisation. D’avoir accompagné, formé et outillé (ndlr : à l’image du nouveau guide CFE-CGC Handicap au travail) nos militants et nos sections syndicales dans les entreprises. Ce colloque s’inscrit dans cette démarche d’occupation du terrain. C’est notre méthode et notre ambition : ne rien céder à la résignation et aménager des espaces dans lesquels chacun peut se réaliser, avec ses capacités, et trouver sa place. »

    Nous devons faire plus et mieux, continuer à bousculer et à transformer »

    Ce fut alors au tour de Christophe Roth, secrétaire national CFE-CGC à l’accessibilité et à l’égalité des chances, de monter au pupitre. « La manière dont une nation gère les populations en situation de handicap dit tout de sa dignité, de son courage, de son humanité. Le handicap n’est pas un statut, pas une case, pas une ligne administrative. C’est une histoire, une vie, une personne. C’est parfois une épreuve et une renaissance. C’est se battre au quotidien pour trouver sa juste place dans la société, pour accéder et se maintenir en emploi. Ce courage nous oblige et nous responsabilise vis-à-vis des 12 millions de personnes en situation de handicap aujourd’hui en France. La CFE-CGC a fixé un cap et s’y tient. »

    L’ancien président de l’Agefiph a rappelé que grâce au travail des acteurs - l’Agefiph et ses délégations régionales, les partenaires sociaux, l’État, France Travail, les employeurs, les associations -, le taux d'emploi des travailleurs handicapés a progressé à 4 % dans le secteur privé et s'élève même à 5,1 % dans le secteur privé si l'on tient compte de la majoration relative aux bénéficiaires âgés de 50 ans et plus. « Mais nous devons faire plus et mieux, continuer à bousculer et à transformer, insiste Christophe Roth. Ensemble, activons le progrès. »

    LE TÉMOIGNAGE BOULEVERSANT ET INSPIRANT DE PHILIPPE CROIZON

    Après la table ronde précitée, la soirée a été marquée par le témoignage émouvant, bouleversant, inspirant, de Philippe Croizon, amputé des quatre membres après un accident domestique (« 20 000 volts ont traversé mon corps ») en 1994, à l’âge de 26 ans. Connu pour ses exploits sportifs, en particulier la traversée à la nage de la Manche le 18 septembre 2010, l’écrivain et conférencier a, durant 45 minutes, évoqué son parcours empreint de résilience et de détermination, et la place du handicap dans l’espace sociétal et le monde du travail. Une leçon de vie avec, à la clé, une standing ovation de la salle.

    Philippe Croizon a par ailleurs indiqué que le film inspiré de son parcours (« Pour le meilleur », réalisé par Marie-Castille Mention-Schaar), sortira au cinéma le 15 avril 2026.

    Les salariés en situation de handicap doivent pouvoir, comme les autres, s’accomplir et s’épanouir dans leur métier »

    « Comme l’a si bien exprimé Philippe Croizon, tout est possible et on n’est pas seul, a déclaré Jean-Philippe Tanghe, secrétaire général confédéral.La CFE-CGC et ses militants s’attachent en permanence à l’humain, à faire face aux difficultés, à trouver des solutions, à défendre nos collègues et les personnes en situation de handicap. » Avant de passer le relai à Mathieu Hervé-Barrouyer, président de l’UD Paris CFE-CGC, co-organisatrice du colloque : « Les salariés en situation de handicap doivent pouvoir, comme les autres, s’accomplir et s’épanouir dans leur métier. C’est tout le travail mené par nos militants syndicaux dans les entreprises en faveur de l’inclusion. »

    Riche en émotions, la soirée s’est achevée par un concert donné par le groupe Percujam, un collectif emblématique mêlant musiciens autistes et neurotypiques.

    Mathieu Bahuet