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Publié le 17 - 04 - 2024

    Forvia France : la CFE-CGC mobilisée face au projet de plan social

    L’équipementier automobile prévoit une restructuration qui pourrait concerner 10 000 emplois en Europe. Les sites français sont très exposés. Explications avec Noël Zoleba Seri, délégué syndical central CFE-CGC.

    Quel est votre parcours professionnel et syndical ?

    Je travaille chez Forvia (ex-Faurecia) depuis 27 ans. J’y ai commencé comme ouvrier avant d’occuper des postes de superviseur équipe (ligne d’assemblage et logistique) puis de responsable qualité UAP (unité autonome de production) dans l’usine de Méru (Oise). Sur le plan syndical, j’ai adhéré à la CFE-CGC il y a une vingtaine d’années. J’ai exercé des mandats d’élu CHSCT, de secrétaire du CHSCT, de délégué syndical puis de délégué syndical central sur le périmètre Forvia Intérieur Industrie, une des branches de l’entreprise. Depuis 2023, je suis par ailleurs délégué fédéral au niveau de la branche plasturgie pour la fédération CFE-CGC Chimie.

    Quelle est la dynamique de la CFE-CGC chez Forvia France ?

    Grâce au travail de ses militants, la CFE-CGC Forvia est un acteur de poids avec plus de 26 % de représentativité au sein du groupe. Les deux autres grandes forces syndicales sont la CFDT et FO. Forvia emploie aujourd’hui en France plus de 10 000 salariés répartis sur 33 sites industriels et 8 centres de recherche, auxquels s’ajoutent environ 1 800 intérimaires.

    Nous déplorons des annonces publiques qui ont complètement court-circuité les instances de dialogue social dans l’entreprise »

    La direction de l’équipementier automobile a annoncé un plan social qui pourrait concerner 10 000 postes en Europe. Quels sont les risques en France ?

    Les inquiétudes sont grandes par rapport à ce projet baptisé EU-Forward qui prévoit une lourde réduction des effectifs sur la période 2024-2028. Si rien n’a filtré officiellement, il est probable que les sites français seront les plus impactés. Les salariés et les élus du personnel ont été assez stupéfaits d’apprendre ces annonces à la télévision lors d’une intervention sur BFM de notre directeur général, Patrick Koller. Les organisations syndicales dont la CFE-CGC sont immédiatement montées au créneau dans les différentes instances, avec notamment plusieurs droits d’alerte exercés dans les comités sociaux et économiques centraux (CSEC). De son côté, la direction fait valoir que le marché automobile est en pleine transformation avec une baisse des ventes en Europe et des effectifs qui doivent être ajustés en conséquence.

    Que sait-on des contours du prochain plan social ?

    C’est très nébuleux jusqu’à présent et on ne sait pas trop à quelle sauce les salariés français des différentes entités vont être mangés. Aucune réponse claire n’est donnée aux organisations syndicales qui ont décidé de constituer une intersyndicale. Début mars, nous avons été reçus au ministère du Travail pour exprimer nos inquiétudes par rapport à des annonces publiques qui ont complètement court-circuité les instances de dialogue social au sein du groupe. Ce n’est pas normal.

    Comment réagissent les militants CFE-CGC ?

    Alors que les craintes sont grandes chez les salariés, encore plus avec le projet de développement de l’intelligence artificielle dans les centres de recherche, nos équipes syndicales sont fortement mobilisées et je tiens à remercier le soutien et l’aide logistique apportés par l’union départementale CFE-CGC de l’Oise et l’union régionale CFE-CGC des Hauts-de-France.

    Propos recueillis par Mathieu Bahuet