Le 23 novembre 2023, la CFE-CGC organise un colloque handicap sur la thématique : « Le plein emploi est-il possible ? ». Christophe Roth, secrétaire national Accessibilité et égalité des chances de la CFE-CGC, et président de l’Agefiph, décrypte les enjeux.
Pourquoi ce prochain colloque handicap ?
Tout d’abord, parce qu’il s’inscrira dans la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, une période où les entreprises, les syndicats et les associations sont plus encore que d’habitude engagées sur le sujet. Ensuite, parce que nous sommes dans un agenda où est discuté actuellement au Parlement le projet de loi plein emploi et que celui-ci comporte des cavaliers législatifs sur les personnes en situation de handicap. Ce colloque, où interviendront la ministre chargée des Personnes handicapées, Fadila Khattabi, et le Haut-commissaire à l’emploi, Thibaut Guilluy, constitue donc une opportunité d’avoir des éclairages en temps réel sur cette loi. Enfin, il s’inscrit dans le cadre de la convention de partenariat Agefiph-CFE-CGC et de nos nombreuses actions communes, et constitue un moment important pour mobiliser toutes les fédérations professionnelles de notre confédération.
Pourquoi ce thème de l’emploi en particulier ?
Parce que nous sommes dans une situation où des entreprises peinent à recruter dans des métiers en tension (numérique, restauration, agro-alimentaire, transports…), ce qui constitue autant d’opportunités pour des personnes en situation de handicap. Parce qu’aussi le taux de chômage de ces personnes n’a jamais autant baissé, passant de 19 % à 12 % en quelques années. Néanmoins, il convient de nuancer le propos et de ne pas tirer un feu d’artifice. Il reste 472 000 personnes en situation de handicap au chômage en France. D’où l’intérêt de sensibiliser les jeunes en situation de handicap et les primo-entrants dans le monde du travail, mais également les salariés concernés par le maintien ou le retour à l’emploi suite à une situation de handicap.
Quelles sont les raisons de cette amélioration statistique ?
Il y a plusieurs leviers. Le premier est une prise de conscience de la société française que le trio compétence - handicap - talent fonctionne. Il y a vraiment eu un sursaut au niveau des mentalités. Le deuxième provient des effets de la loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » de 2018, avec notamment la mise en place obligatoire d’un référent handicap pour les entreprises qui emploient 250 équivalents temps plein (ETP). Cela a été un déclencheur de la mobilisation de tous les acteurs impliqués sur le marché de l’emploi.
Y a-t-il un sujet particulier concernant l’emploi des seniors en situation de handicap ?
Effectivement, puisque l’une des clauses de cette loi de 2018 entraîne que le recrutement ou le maintien dans l’emploi d’une personne en situation de handicap de plus de 55 ans compte désormais pour 1,5 ETP dans le calcul de l’obligation d'emploi de travailleur handicapé (OETH). Les entreprises sont donc incitées financièrement à maintenir en emploi et à recruter cette population. Sur le fond, tout le monde sait que dans une carrière, une personne peut avoir un trouble moteur ou un trouble physique, psychique, sensoriel qui l’amène à ne plus exercer le même métier qu’auparavant, et donc à changer de sphère professionnelle en se formant et en apprenant un nouveau métier.
Quel sera le mode de présentation de vos débats ?
Outre la participation de DRH et d’acteurs du marché de l’emploi, je pense que certains témoignages vibrants susciteront des émotions fortes. Par exemple celui de Jérémy Soots, un jeune qui rêvait d’être chauffeur routier, qu’un accident de moto a rendu paraplégique et qui peut continuer à conduire des poids lourds grâce à l’aménagement de sa cabine. Sans oublier le joueur de tennis handisport Michaël Jeremiasz qui sera le porte-drapeau de la délégation tricolore lors la cérémonie d'ouverture des Jeux Paralympiques, le 7 septembre 2024. Son témoignage sera l’occasion de mettre en valeur toutes les opportunités de recrutement découlant de la tenue des JO et des Jeux paralympiques à Paris.
Propos recueillis par Gilles Lockhart