Quels sont les enseignements des récentes élections chez Solvay France (3 600 salariés) ?
La CFE-CGC a obtenu 39,8 % des suffrages tous collèges confondus, devant la CGT (32,3 %) et la CFDT (23,7 %), et devient majoritaire sur son périmètre statutaire (techniciens, agents de maîtrise, cadres et ingénieurs) avec 53 % soit une progression de près de 6 points par rapport au scrutin de 2018. Concernant le nombre de sièges d’élus titulaires au comité social et économique (CSE) de leur établissement, la CFE-CGC est devenue leader en obtenant, à isopérimètre, 43 sièges soit 5 de plus qu’en 2018 où nous étions derrière la CGT. Les nouvelles instances se mettront en place à partir du 26 avril et la CFE-CGC briguera à nouveau le secrétariat du prochain comité social et économique central (CSEC) de l’UES Solvay France, un poste que j’occupe actuellement.
Parmi les 14 établissements français de l’entreprise, il faut en particulier saluer les excellents résultats dans la plus grande usine basée à Tavaux (Jura) où, sous l’impulsion de notre délégué syndical Elian Sardet, la CFE-CGC est devenue la première organisation syndicale avec 37 % des suffrages (+13,5 points en 4 ans). Depuis 2018, la section a quadruplé son nombre d’adhésions : 25 % du personnel d’encadrement du site est aujourd’hui un adhérent CFE-CGC.
« Chez Solvay, la CFE-CGC est incontournable »
Avec près de 40 % au premier tour des élections professionnelles, la CFE-CGC a conforté sa place de premier syndicat au sein du groupe chimique belge en France. Entretien avec son délégué syndical central, Laurent Daoud.
Un travail syndical de fond et de gros efforts sur la communication digitale »
Comment analysez-vous cette bonne dynamique ?
Ces résultats sont le fruit d’un travail syndical de fond de nos équipes militantes lors les deux derniers cycles électoraux. Nous avons beaucoup travaillé sur la communication numérique, permise dans l’entreprise. Nos équipes ont notamment réalisé des vidéos pour l’ensemble des établissements où la CFE-CGC présentait une liste, et deux autres pour défendre nos valeurs et présenter le bilan de nos actions syndicales. À cela s’ajoutent des comptes-rendus réguliers des réunions d’instances auprès des salariés de notre périmètre qui apprécient beaucoup d’être informés de la sorte.
Depuis 2018, la CFE-CGC est incontournable alors qu’avant, la CFDT pouvait signer seule un accord. Ces dernières années, la CFDT signe tout alors que la CGT ne signe que 20 % des accords. La CFE-CGC, quant à elle, challenge en permanence : nous signons bon nombre d’accords à condition qu’ils apportent des avancées suffisamment significatives pour les salariés. Quand une négociation s’amorce, la direction sait qu’elle doit convaincre la CFE-CGC et cela nous place en position de force pour faire valoir nos revendications.
Avez-vous adapté vos pratiques syndicales durant la pandémie de Covid-19 ?
Les confinements et les mesures gouvernementales en matière de télétravail ont clairement impacté la présence d’une grande partie de nos populations sur les deux grands sites tertiaires à Aubervilliers et Lyon (1 000 salariés à eux deux). Il a fallu redoubler d’efforts et muscler notre communication digitale.
S’assurer d’une bonne continuité sociale avec le projet de scission du groupe en deux entités »
Quels sont les dossiers prioritaires de dialogue social ?
La priorité, c’est le projet de scission annoncé par la direction du groupe Solvay en deux entités : « SpecialtyCo » (chimie de spécialité) et « EssentialCo » (produits chimiques essentiels). C’est un bouleversement stratégique avec une mise en œuvre prévue courant 2023 qui va nécessiter un gros travail de continuité sociale à mener avec les organisations syndicales. Alors que chacune des deux entités aura ses propres accords, l’objectif de la CFE-CGC sera de consolider au mieux les accords Solvay existants et de s’assurer de la continuité des postes des fonctions supports.
En parallèle, nous démarrons une négociation très importante sur la gestion des emplois et des parcours professionnels (GEPP). Récemment, la CFE-CGC a par ailleurs signé un accord triennal satisfaisant sur l’intéressement avec des montants compris entre 3 000 et 7 000 euros pour l’exercice 2021 sachant qu’une part est indexée sur la rémunération.
Quelle est la situation économique de l’entreprise ?
Les résultats sont plutôt bons depuis trois ans malgré un creux, forcément, en 2020. Solvay France a bien passé la crise sanitaire et aucun atelier n’a été mis à l’arrêt. Les gestions locales, avec les directions et les représentants des salariés, se sont avérées assez efficaces avec un rôle important des commissions santé, sécurité et conditions de travail (CSSCT) pour traiter les problématiques spécifiques de terrain.
Propos recueillis par Mathieu Bahuet