En quoi consistent vos activité syndicales ?
Au sein du Groupe Réside Etudes, leader des résidences étudiantes en France, je suis délégué syndical CFE-CGC des sociétés exploitantes et secrétaire adjoint dans un des comités sociaux et économiques (CSE) pour l’unité économique et sociale (UES) qui regroupe les sociétés d’exploitations étudiantes (RSG) et appartements-hôtels (REA), ainsi que la société gérant le siège (REG).
Que se passe-t-il au sein de la branche Réside Etudes seniors (gestionnaire de 73 résidences en France), placée en redressement judiciaire en juin 2024 ?
Concernant Réside Etudes Seniors, la troisième branche exploitation de Réside Etudes, il y a d’abord eu un plan de sauvegarde en décembre 2023 avant le redressement judiciaire ordonné par le Tribunal de commerce de Paris en juin dernier. On se dirige dorénavant vers une possible liquidation de cette branche qui pourrait être prononcée le 7 octobre, même si ce n’est pas le scénario le plus probable car cela pourrait entraîner 1 450 suppressions de postes et plus de 4 000 seniors qu’il conviendrait de reloger. Cela aurait aussi des impacts sur le Groupe Réside Etudes et ses 2 500 salariés (employés, agents de maîtrise, cadres) car il y a des liens capitalistiques entre ses différentes entités : résidences étudiantes, résidences seniors et hôtellerie d’affaires. D’ores et déjà, la direction envisage de supprimer 100 des 300 emplois au siège.
Chez Réside Etudes, la CFE-CGC inquiète pour les emplois
Alors que sa branche résidences seniors est menacée de liquidation judiciaire, le leader des résidences étudiantes en France, qui emploie 2 500 salariés, est en difficulté. Explications avec Jean-François Renou, délégué syndical CFE-CGC.
Nous regrettons une absence de stratégie de la direction générale face aux événements malheureux qui se succèdent »
Comment en est-on arrivés là ?
Le Groupe a souffert durant la crise Covid, souscrivant beaucoup de prêts garantis par l'État (PGE). La dette a atteint 400 millions d’euros. Au niveau du dialogue social, les échanges avec la direction générale ont toujours été plutôt positifs et constructifs jusqu’à la procédure de sauvegarde de décembre 2023. Depuis, c’est plus compliqué car la CFE-CGC souhaite préserver l’ensemble du Groupe, y compris la branche Réside Etudes Seniors (RES), et tire la sonnette d’alarme. Ces derniers mois, nous avons soumis une obligation de réorganisation du Groupe mais la direction générale est dans une forme de déni face aux échéances, ne prenant pas le taureau par les cornes.
Quid de Philippe Nicolet, président et actionnaire majoritaire du Groupe ?
Fondateur du Groupe Résides Etudes en 1989, Philippe Nicolet ne veut pas lâcher le moindre pouvoir et continue de travailler seul. Nous regrettons une absence de stratégie face aux événements malheureux qui se succèdent. On sent d’ailleurs des inquiétudes chez les administrateurs judiciaires. La situation est très anxiogène car la liquidation de la branche RES mettrait en péril l’ensemble du Groupe, et qu’il y a tout l’humain derrière. Aussi bien nos salariés que les étudiants et les seniors que nous hébergeons. Le dossier est d’ailleurs suivi par le Comité interministériel de restructuration industrielle (CIRI) et va très probablement remonter jusqu’à Bercy et aux affaires sociales.
Plusieurs sources parlent d’un intérêt de l’assureur Groupama Rhône-Alpes Auvergne pour reprendre l’ensemble du Groupe Réside Etudes. Qu’en est-il ?
Après l’appel d’offres lancé par les administrateurs judiciaires après le redressement judiciaire prononcé en juin 2024, sept sociétés ont fait part de leur intérêt pour la branche seniors, parmi lesquelles la société Altarea Cogedim qui a fait une offre de reprise des 73 résidences seniors. Malheureusement, Altarea s’est retirée presque dans la foulée compte tenu de conditions suspensives qui ne pouvaient être levées dans le délai imparti.
Indépendamment de l’appel d’offres, l’assureur Groupama Rhône-Alpes Auvergne a émis une marque d’intérêt pour l’ensemble du groupe. Depuis, c’est silence radio mais leur nom circule toujours avec insistance parmi les repreneurs potentiels.
Propos recueillis par Mathieu Bahuet