Retour aux actualités précédentes
Publié le 11 - 10 - 2021

    Atos : la CFE-CGC mobilisée pour l’avenir de 212 salariés

    Dans un climat social très dégradé, les syndicats, dont la CFE-CGC, dénoncent le projet d’externalisation imposé par la direction du groupe de services informatiques.

    Alors qu’il s’apprête à sortir du CAC 40 pour être remplacé par Eurofins Scientific, le mastodonte français de l’informatique et de la transformation numérique Atos (105 000 salariés dont 11 000 en France) est secoué par de fortes tensions sociales. Dans le viseur des organisations syndicales (CFE-CGC, FO et CGT en première ligne) : le projet Aral. Présenté sans concertation préalable le 22 septembre dernier en comité social et économique central (CSEC) par l’entreprise présidée par Elie Girard, et dont l’ancien Premier ministre Édouard Philippe siège au conseil d’administration, ce projet vise à externaliser 212 salariés vers NSC Global France, une entreprise au capital de 100 000 euros qualifiée de « coquille vide » par l’intersyndicale.

    Pour la CFE-CGC, ce nouveau projet de restructuration s’apparente en effet à un plan social déguisé, afin qu’Atos n’ait pas à assumer les frais d’un PSE. « NSC Global France est une SARL qui aura comme seul client Atos, qui restera détentrice de contrats à horizon court, sans la moindre garantie pour le futur », expliquent conjointement Gérard Bony et Philippe Talini (délégation syndicale centrale CFE-CGC de l’UES Atos France).

    « LES SALARIÉS CONCERNÉS ONT L’IMPRESSION D’ÊTRE JETÉS À LA POUBELLE ET SE SENTENT TRAHIS »

    Les deux élus dénoncent une situation scandaleuse : « Qu’Atos poursuive sa descente vertigineuse ou qu’il cesse d’alimenter l’activité sous-traitée, le résultat sera le même : NSC Global fermera sa filiale France sans état d’âme, laissant à l’abandon 212 salariés (techniciens de production, ingénieurs supports…), souvent avec 20 à 30 ans d’ancienneté, qui maintiennent sur des postes difficiles (travail posté, de nuit, le week-end) les structures opérationnelles chez nos clients tels que BNP, la direction générale des finances publiques, Canal+ ou la BNF. Ces salariés ont l’impression d’être jetés à la poubelle et se sentent trahis. »

    Le 7 octobre dernier, un collectif de salariés (Aral’bol), soutenus par les organisations syndicales, a lancé un appel à une grève nationale et reconductible massivement suivie et touchant la plupart des sites clients. Chacun déplore qu’Atos choisisse de poursuivre ses externalisations plutôt que de former les salariés aux métiers d’avenir, craignant que ce projet d’externalisation préfigure « un tsunami sans précédent » dans l’entreprise, sachant qui plus est qu’Atos a perdu 42 % de sa valeur boursière au premier semestre 2021. Dans ce contexte, l’inquiétude grandit sur le terrain. « Parmi les salariés, de nombreux risques psychosociaux sont déclarés partout », témoigne Philippe Talini.

    REMISE EN CAUSE DE L’ACCORD 2019 SUR LE DIALOGUE SOCIAL

    Cette nouvelle restructuration intervient dans un climat social dégradé et où la confiance semble rompue avec la direction. « Le dialogue social est de très mauvaise qualité, particulièrement depuis le début de la crise sanitaire », résume Gérard Bony. Le militant fait notamment référence au projet Matisse, imposé unilatéralement par l’employeur en avril dernier afin de revoir l’organisation sociale de l’entreprise pourtant mise en place par un accord dûment signé avec les partenaires sociaux en 2019 pour une application prévue jusqu’en 2023.

    Pour mémoire, cet accord avait institué, pour les différentes entités du groupe (Conseils et solutions, Bull technologies et fonctions supports, Infrastructures), trois comités sociaux et économiques (CSE) placés sous un comité social et économique central. Patatras. Le projet Matisse, attaqué en justice par les organisations syndicales, prévoit des fusions entre les diverses entités (dont la disparition de la société Atos Infogérance) et la perte de mandats électifs pour bon nombre de délégués syndicaux et de représentants de proximité.

    « Clairement, cela a été fait pour sabrer le CSE amené à gérer le projet Aral, décrypte Gérard Bony. En attendant la décision de justice, prévue le 19 octobre, nous restons plus que jamais mobilisés pour défendre les salariés et demander la suppression du projet. »

    Mathieu Bahuet