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Publié le 26 - 09 - 2024

    À Matignon, premiers échanges entre la CFE-CGC et Michel Barnier

    Reçue le 25 septembre par le nouveau Premier ministre, la délégation CFE-CGC conduite par François Hommeril a fait passer plusieurs messages forts sur les champs sociaux et économiques.

    Dialogue renoué avec les partenaires sociaux. Après l’annonce du nouveau gouvernement intervenue le samedi 21 septembre, et avant son discours de politique générale devant le Parlement, le Premier ministre Michel Barnier a rapidement souhaité rencontrer, cette semaine, les leaders des grandes organisations syndicales et patronales.

    Conduite par François Hommeril, président confédéral, la délégation CFE-CGC, composée de plusieurs secrétaires nationaux (Nicolas Blanc à la transition économique, Jean-François Foucard aux parcours professionnels, Christelle Thieffinne à la protection sociale) et de la directrice de cabinet, a été reçue mercredi 25 septembre à Matignon pendant une bonne heure. Aux côtés de Michel Barnier étaient notamment présents son directeur de cabinet, Jérôme Fournel, son conseiller social, Paul Bazin, et la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet.

    Le Premier ministre a affiché une claire volonté de rupture et de redonner de l’espace aux partenaires sociaux »

    « Durant tout l’entretien, le Premier ministre a affiché une claire volonté de rupture avec les précédents gouvernements, et indiqué combien il était important pour lui de redonner de l’espace aux partenaires sociaux, souligne François Hommeril. Il a également insisté sur "le mur de la dette", sur le déficit budgétaire et le risque de défaillance. On mesure que ce sera un point fondamental de son agenda politique. De mon côté, j’ai d’abord rappelé que notre société est en souffrance. Elle a besoin que l’on restaure la confiance, que les corps intermédiaires soient respectés, et qu’en matière de dialogue social, les négociations menées entre organisations syndicales et patronales soient rééquilibrées. »

    RETRAITES ET ASSURANCE CHÔMAGE : DEUX SUJETS ÉPINEUX

    La CFE-CGC a ensuite fait valoir ses analyses et ses priorités sur divers dossiers. À commencer par la réforme des retraites de 2023. « Le Premier ministre ayant déclaré souhaiter améliorer la loi en travaillant avec les partenaires sociaux, j’ai réaffirmé que cette réforme brutale ne règle aucun problème et ne fait qu’en créer d’autres, et que la meilleure solution était donc de l’abroger, explique François Hommeril. Cela étant dit, la loi est passée, elle s’applique, et la CFE-CGC sera toujours prête à travailler sur tous les problèmes que pose cette loi, par exemple les préjudices subis par les femmes mères de famille. Pour la CFE-CGC, il faut aussi absolument travailler sur l’emploi des seniors, sujet sur lequel nous avons déjà formulé de nombreuses propositions : temps partiel choisi, suivi médical renforcé, réorientation des carrières, etc. »

    Concernant l’assurance chômage, Michel Barnier a demandé à la CFE-CGC si elle était prête à renégocier. « Nous le sommes, a fait savoir François Hommeril, à condition de ne pas subir une impossible lettre de cadrage rédigée par Bercy. » Syndicat de l’encadrement (techniciens, agents de maîtrise, ingénieurs, cadres), la CFE-CGC, par la voix de son président, en a profité pour rappeler sa ferme opposition à la dégressivité des allocations : « J’ai coutume de dire que le progrès, c’est la somme des volontés individuelles de progression. Si vous tuez cette volonté par des mesures discriminatoires contre les gens qui s’engagent et qui financent la solidarité inter-catégorielle, alors la France continuera à s’enfoncer. »

    CONDITIONNALITÉ DES AIDES AUX ENTREPRISES, POUVOIR D’ACHAT : LA CFE-CGC VIGILANTE

    Sur l’apprentissage et les subventions massives à l'embauche d'apprentis, la CFE-CGC a stigmatisé le coût et les effets d’aubaine, notamment pour les très grandes entreprises. 

    Au chapitre économique, François Hommeril a exposé ses exigences en matière de nécessaire conditionnalité des aides publiques accordées aux entreprises. Il a aussi interpelé le nouvel exécutif sur l’efficacité de la niche fiscale du crédit impôt recherche (CIR), sur le phénomène des trappes à bas salaires et sur le pouvoir d’achat des classes moyennes. Autant de sujets, entre autres, sur lesquels la CFE-CGC sera particulièrement vigilante quant aux prochaines actions gouvernementales.

    Mathieu Bahuet